« Je ne perds jamais espoir en qui que ce soit, affirme le professeur Mayne. Je sais qu'une lecture quelconque les a touchés, et je dois les encourager à le vivre, à l'exprimer. »
Cette approche, avoue le professeur Mayne, le fait passer comme « peu commun » et contraste avec la pédagogie universitaire traditionnelle.
L'étude de la littérature « doit aiguiser nos sens, notre conscience. Elle doit influer sur notre quotidien, dit-il. La littérature, c'est plus qu'un exercice de prouesse technique. C'est un outil pour approfondir notre connaissance de l'expérience humaine. »
Animé par cette mission bien à lui, par un amour profond de sa discipline et par un grand dynamisme en salle de classe, le professeur Mayne fait bien sûr fureur auprès de ses troupes.
D'importants modèles ont marqué son propre cheminement. Depuis son enfance, en effet, il s'est vu inspirer par des enseignants dont la mission inébranlable était d'éduquer et de civiliser les jeunes générations.
C'était souvent des pédagogues excentriques et farouchement dévoués, venus d'Europe et passionnés par le flot des idées, idées partagées avec effervescence dans leur enseignement. Bon nombre d'entre eux avaient un vécu émouvant à partager, parfois à propos de l'holocauste. Ils avaient donc à coeur de transmettre ces moments de l'histoire et la sagesse accumulée à leurs jeunes élèves.
Fort d'une expérience de 40 ans en milieu universitaire, le professeur Mayne note que la nature de la pédagogie y a changé. De nos jours, selon lui, l'enseignement est plus professionnel et « régularisé ». L'époque des professeurs excentriques est presque révolue.
« C'est bon d'avoir des normes et des conventions collectives, dit le professeur Mayne. Elles protègent les professeurs d'une action administrative arbitraire. Mais en bout de ligne, si ton style déroge à une définition convenue, tu ne perces pas au sein du corps enseignant. »
Les exigences en matière de recherche et la course aux publications ont transformé la vie des universitaires—et ainsi la façon dont on enseigne la littérature.
Le professeur Mayne choisit donc la voie de l'universitaire écrivain, dans la tradition léguée par de grands Canadiens comme Charles G. D. Roberts. Outre son travail d'auteur, le professeur Mayne se consacre à l'enseignement de la littérature canadienne et au mentorat auprès d'autres écrivains.
Il a commencé à étudier la littérature canadienne alors que les milieux universitaires la passaient encore sous silence. Il a d'ailleurs mis les bouchées doubles pendant sa carrière pour faire changer les attitudes. Les années lui donneront gain de cause : Aujourd'hui, la littérature canadienne est probablement étudiée encore plus à l'étranger qu'au Canada, selon le professeur Mayne.
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