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« Jolie et juste assez sexy, je dirais » : stéréotypes et réseautage social chez les filles
OTTAWA, le 2 juin 2015 — Être jolie. Être un peu sexy, mais sans l’être trop. La pression exercée par les stéréotypes concernant les rôles féminins n’est que trop familière à beaucoup de filles. Reflet de la tendance à traiter le corps féminin dans l’espace public comme objet légitime de critique ou d’approbation, cette pression se fait également vivement ressentir sur le Net. Selon les conclusions d’une étude codirigée par les professeures Valerie Steeves, du Département de criminologie de l’Université d’Ottawa, et Jane Bailey, de la Section de common law, les filles qui fréquentent le cyberespace doivent souvent accepter d’y jouer un « rôle » préétabli et très stéréotypé ou être prêtes à subir une avalanche de réactions négatives et désapprobatrices.
Dans le cadre de The eGirls Project, un projet de recherche en partenariat qui étudie les rapports entre le genre, la vie privée et l’égalité des sexes dans les réseaux sociaux en ligne, les chercheuses ont mené une enquête, au moyen d’entrevues et de groupes de discussion, auprès de jeunes femmes âgées de 15 à 22 ans qui utilisent de façon régulière les médias sociaux interactifs dans leur vie sociale. Elles ont ainsi pu constater que les médias sociaux se révèlent souvent un environnement particulièrement hostile pour celles qui ne correspondent pas à certains stéréotypes.
« En commençant notre recherche, nous nous attendions à trouver une grande diversité dans les rôles possibles, sur le Net, pour les filles et les jeunes femmes : la scientifique, la sportive, la passionnée de mode, etc. Nous avons découvert au contraire qu’un éventail très étroit de comportements s’offrait à elles », explique Valerie Steeves.
Les filles qui adoptent un modèle soigneusement élaboré consistant, selon la description de l’une des participantes, à être « jolie et juste assez sexy, je dirais », ont droit à des réactions positives (un grand nombre de « j’aime » et de commentaires favorables, par exemple). Mais celles qui ratent la cible, en déployant des efforts trop visibles, en refusant de se conformer aux stéréotypes ou en se montrant trop provocantes, s’exposent à des jugements sévères.
Par ailleurs, le modèle d’affaires des sites de médias sociaux consiste, on le sait, à offrir la gratuité d’accès aux utilisateurs moyennant la possibilité de recueillir leurs données personnelles, ce qui permet de modifier en conséquence leur environnement en ligne et de faciliter la promotion de certains comportements et attitudes en matière de consommation. La présence des stéréotypes diffusés par les médias dans la publicité et le matériel de marketing qui inondent le cyberespace est fortement ressentie par les participantes de l’étude, ont constaté les chercheuses. Il en résulte d’importantes contraintes sur leur manière de se présenter en ligne.
« Notre étude indique qu’un stress intense s’exerce sur les filles, qui ont l’impression d’être obligées de se conformer aux stéréotypes diffusés par les médias », affirme Valerie Steeves. Ce stress, ajoute-t-elle, favorise l’éclosion de certains types de conflits et crée un environnement propice à la cyberintimidation.
« Plutôt que d’appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard des jeunes qui se laissent entraîner dans ce genre de conflits, il faut revoir le modèle d’entreprise qui sous-tend les plateformes de médias sociaux et mettre en place des politiques faisant la promotion de l’égalité des sexes et de la tolérance », conclut Jane Bailey.
Les professeures Steeves et Bailey présenteront une communication au Congrès 2015 des sciences humaines, à l’Université d’Ottawa. Le 3 juin aura lieu le lancement de l'ouvrage qu'elles ont codirigé, eGirls, eCitizens: Putting Technology, Theory and Policy Into Dialogue with Girls’ and Young Women’s Voices, publié par les Presses de l’Université d’Ottawa.
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