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Un médicament qui sert à contrôler l’appétit pourrait également combattre l’anxiété, selon une étude menée à Ottawa

OTTAWA, le 5 mars 2015 — Savez-vous que notre corps produit une substance semblable à la marihuana, capable de nous protéger contre l’anxiété? Des chercheurs à Ottawa ont publié aujourd’hui dans la revue Neuron une étude selon laquelle un même processus biologique régulerait l’obésité et l’anxiété, et affirment qu’un médicament en cours d’essais cliniques pour le traitement de l’obésité offre ainsi des perspectives pour le soulagement de l’anxiété.

« L’anxiété et l’obésité sont des problèmes croissants dans notre société », affirme Hsiao-Huei Chen, professeure agrégée de médecine à l’Université d’Ottawa et scientifique principale à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa. « Nous avons découvert non seulement qu’il existe un lien biologique entre les deux, mais aussi qu’on pourrait les traiter avec le même médicament. »

La professeure Chen et ses collègues étudiaient d’abord les effets du gène LMO4 sur le développement et la régénération du cerveau. Ils ont remarqué que des souris dépourvues de ce gène dans une certaine zone du cerveau affichaient de l’anxiété tout en devenant obèses. Leurs travaux, ainsi qu’une étude antérieure, montrent que l’enzyme PTP1B est un élément critique du processus moléculaire qui lie le LMO4, l’anxiété, l’obésité et le système naturel de marihuana du corps appelé système endocannabinoïde. Lorsque les chercheurs ont employé la trodusquemine, un médicament qui inhibe spécifiquement l’activité du PTP1B, ils ont constaté une diminution tant de l’anxiété que de l’obésité.

« Les traitements actuels pour les troubles de l’anxiété comportent des effets secondaires tels que la dépendance pharmacologique », poursuit la professeure Chen, qui est également membre de l’Institut de recherche sur le cerveau. « Notre approche consiste à permettre au cerveau de se régénérer tout seul en équilibrant son niveau de PTP1B. »

La trodusquemine fait l’objet d’essais cliniques dans le cadre d’études sur le contrôle de l’appétit et la perte de poids, et aussi par rapport à ses effets potentiels sur le cancer du sein. Des études antérieures ont montré que les personnes souffrant de maladies liées au métabolisme et à l’obésité sont souvent sujettes à des troubles de l’humeur et de l’anxiété. La découverte d’un lien entre l’obésité et l’anxiété permettrait donc d’envisager un traitement qui soulage ces affections ensemble.

« Nous espérons pouvoir entamer les essais cliniques bientôt, afin de déterminer si ce nouveau médicament est en mesure de traiter à la fois l’obésité et l’anxiété », conclut la professeure Chen, dont les travaux sur le LMO4 portent aussi sur le diabète.

Le financement provient des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, de l’Association canadienne du diabète, de la Fondation des maladies du cœur du Canada (FMCC), du Partenariat canadien pour le rétablissement de l’AVC, de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC de l’Ontario, du Programme des chaires de recherche du Canada et de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

Article complet : Chronic Stress Induces Anxiety via an Amygdalar Intracellular Cascade that Impairs Endocannabinoid Signaling (en anglais seulement), revue Neuron. Auteurs : Zhaohong Qin, Xun Zhou, Nihar R. Pandey, Haley A. Vecchiarelli, Chloe A. Stewart, Xia Zhang, Diane C. Lagace, Jean Michel Brunel, Jean-Claude Béïque, Alexandre F.R. Stewart, Matthew N. Hill et Hsiao-Huei Chen.

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