Actualités uOttawa
Communiqués de presse et annonces
Des chercheurs élaborent un protocole sécurisé pour relier des registres de données afin de surveiller le VPH
OTTAWA, le 10 juillet 2012 — Pour surveiller l’efficacité du vaccin contre le VPH, il faut combiner des données provenant de multiples registres et d’autres sources. Or, il peut être difficile de relier des registres distincts, souvent gérés par des organismes n’ayant aucun lien entre eux. De plus, les lois sur la protection de la vie privée empêchent parfois le partage de données. Face à ce problème, le Pr Khaled El Emam, de l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), et son équipe ont élaboré un protocole sécurisé qui permet de relier des registres individuels sans divulguer les renseignements personnels, comme le rapporte le site PLoS ONE. [lien externe en anglais]
Selon le Pr El Emam, les protocoles antérieurs n’étaient pas sécurisés ou ne protégeaient pas la vie privée des patients. Le nouveau protocole, fondé sur des données probantes, est le plus solide qui ait été mis au point jusqu’ici. Il pourra aussi servir à la surveillance d’autres troubles médicaux, maladies ou programmes de vaccination.
« Il faut évaluer les vaccins sur de longues périodes, et surveiller les taux de vaccination et la façon dont ils varient selon les caractéristiques des individus et des familles. Il est souvent difficile d’accéder à des données à cette fin, pour des raisons légitimes liées à la vie privée. Notre protocole permet de surmonter ces obstacles et facilite un partage rapide des données », explique le Pr El Emam.
Le VPH, ou virus du papillome humain, est l’une des infections virales transmises sexuellement les plus prévalentes dans le monde. Il produit des symptômes allant de verrues génitales à un risque accru de cancer cervical. Depuis 2007, au Canada, un vaccin préventif quadrivalent efficace est couramment administré aux filles dans le cadre de programmes scolaires publics (et un second vaccin, bivalent celui là, a été approuvé pour distribution en 2010). Le vaccin quadrivalent pourrait réduire les coûts de santé ainsi que les maladies et les décès liés au VPH, mais on ne connaît pas encore son efficacité à long terme. Il faudra donc poursuivre les recherches afin d’en déterminer l’effet durable sur la santé et d’éclairer les décisions gouvernementales touchant la répartition des ressources de la santé.
Le nouveau protocole annoncé fait appel à un certain nombre de techniques cryptographiques, notamment une fonction de hachage commutative et un cryptosystème homomorphique. Le traitement sécurisé permet aux responsables des différents registres d’apparier des dossiers comportant des identifiants comme le numéro d’assurance sociale, le numéro de carte de santé et la date de naissance sans divulguer ces données à personne, puis d’analyser les données combinées sans les divulguer. Aux fins des programmes de surveillance, le protocole offre une protection de la vie privée de bout en bout et élimine de nombreux obstacles au partage des données.
« Nous voulions évaluer l’effet du vaccin VPH en créant un protocole sécurisé pour relier des bases de données simulées sur le cancer, le dépistage du cancer du col utérin, les services de soins de santé et l’immunisation. Or ce recoupement ne peut se faire que dans un contexte respectueux de la vie privée, d’ajouter le Pr El Emam. Le protocole que nous avons créé permettra à n’importe quel bureau de santé publique de relier des bases de données de sources multiples et d’établir des statistiques pertinentes à partir des données combinées sans divulguer de renseignements personnels, si bien que la confidentialité des informations des patients demeure protégée. »
Le Pr El Emam est professeur agrégé au Département de pédiatrie de l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les données électroniques en matière de santé à l’Université et à l’Institut de recherche du CHEO. Ce projet de recherche a été en partie subventionné par l’Institut ontarien de recherche sur le cancer (IORC) et par un Projet de recherche concertée sur la santé du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). Il a été réalisé en collaboration avec l’IORC, l’Agence de la santé publique du Canada et l’École de science informatique et de génie électrique de l’Université d’Ottawa.