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Les paiements directs des usagers aux prestataires de soins de santé : un mode de financement très inégalitaire

OTTAWA, le 20 novembre 2012 — Selon l’Organisation mondiale de la Santé, chaque année, plus de 100 millions de personnes basculent dans la pauvreté à cause des dépenses catastrophiques en soins de santé. L’accessibilité à des soins de qualité, la capacité des moins nantis à en défrayer les coûts et le financement des systèmes de santé demeurent des sujets prioritaires à l’échelle internationale.En dépit des indices encourageants observés ces dernières années, la crise économique a réduit de beaucoup les progrès réalisés en matière d’accès aux soins dans plusieurs pays.

Dans l’article Unexpected impact of changes in out-of-pocket payments for health care on Czech household budgets (en anglais seulement) publié dans Health Policy, Sanni Yaya, professeur à l’École interdisciplinaire des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, et sa collègue Veronika Krůtilová examinent l’impact du paiement direct sur le revenu des ménages en République tchèque. Le cas tchèque se révèle pertinent parce que ce pays a récemment introduit un système basé sur le principe de « tickets modérateurs » pour contribuer au financement des soins de santé.

En examinant le poids des dépenses privées en santé, les auteurs ont déterminé l’importance de ces dépenses catastrophiques, c’est-à-dire si la participation financière des ménages est trop élevée par rapport à leurs revenus. Il faut préciser que de telles dépenses peuvent se produire dans n’importe quel pays, quel quesoit son stade de développement et en dépit de l’existence des mécanismes de répartition des risques financiers liés à la maladie.

Les résultats de l’étude indiquent que l’introduction du ticket modérateur a accru le fardeau financier des ménages, en le faisant passer de 2,15 % en 2007 à 2,63 % en 2008 et à 2,55 % en 2009 du total de leurs revenus. Toutefois, contrairement à ce qui prévaut dans plusieurs pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, il appert que les ménages tchèques financent généralement une part relativement faible des soins de santé en proportion de leurs revenus. Cela dit, la recherche indique que ce sont les femmes, les personnes âgées et les retraités qui subissent de plein fouet les conséquences du paiement direct. Ces derniers consacrent une part considérable de leurs dépenses à l’achat de médicaments sur ordonnance.

Selon le professeur Yaya, le principe de l’utilisateur-payeur n’est pas une panacée. « Depuis trente ans, la variété, la disponibilité et l’achat des produits pharmaceutiques ont connu un essor fulgurant, avec pour effet que les médicaments sur ordonnance constituent l’un des éléments les plus importants des soins de santé contemporains. Ils sont également l’un des soins les plus coûteux ».

Les conclusions de cette étude sont pertinentes pour le Canada. Alors que les dépenses de santé au Canada diminuent pour la troisième année consécutive, celles des ménages ne cessent de grimper.« Lorsqu’on sait que plusieurs Canadiens n’ont pas les moyens de faire exécuter leurs ordonnances et que l’assurance médicaments est un luxe que tous n’ont pas les possibilités de se payer, il est impérieux pour les pouvoirs publics de faire preuve de créativité afin de protéger les populations contre les catastrophes financières et la paupérisation résultant de l’accès aux soins et l’utilisation des services de santé », poursuit M. Yaya. 

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