Maître-nageur en eaux troubles
L’Université d’Ottawa est l’une des composantes du parcours professionnel de Mathieu Fleury, élu pour la première fois à titre de conseiller municipal. En tant que diplômé, c’est un endroit qu’il connaît bien.
Il n’a pas 30 ans et il siège déjà à titre de conseiller élu du quartier Rideau-Vanier de la ville d’Ottawa. Diplômé de l’Université d’Ottawa, Mathieu Fleury est peut-être jeune, mais attention, ce maître-nageur a toutes les qualités pour réussir à naviguer dans les eaux troubles de la politique!
Tabaret l’a rencontré pour vous.
T- Pourquoi avoir choisi de faire carrière en politique – et aussi jeune de surcroît, quand on sait que votre parcours universitaire est en sports?
MF- L’actualité m’a fasciné dès mon plus jeune âge. Je suis né de parents francophones dans un milieu de vie anglophone, j’ai appris jeune à être attentif à mon environnement. Mais le déclic s’est réellement produit quand, après ma maîtrise en sciences de l’activité physique à l’Université d’Ottawa, j’ai fait mon stage au cabinet du ministre fédéral des Sports lors des Jeux Olympiques de 2010. C’était extraordinaire! Participer au processus décisionnel, avoir un impact réel sur des politiques qui touchent les gens, c’est très formateur.
T- Un défi que vous auriez pu relever à 50 ans plutôt que maintenant…
MF- Dans les couloirs de la politique, j’ai vu trop d’avocats mâles blancs sexagénaires. Je pense qu’il faut du sang neuf. Non, mieux : de la diversité. Plus de femmes, plus d’immigrants, plus de points de vue différents, sinon l’appareil politique devient sclérosé. J’apporte ma contribution, mais il faudrait faire plus, beaucoup plus.
T- Justement, comment inciter les jeunes entre autres à s’impliquer en politique?
MF- Pour se lancer en politique, il faut des contacts, un réseau que les jeunes n’ont pas eu la chance de développer. Mais il faut aussi des occasions d’aller chercher de l’expérience! Qui donc offre aux jeunes du travail avec de vraies possibilités d’avancement? La majorité des structures décisionnelles sont dirigées par des gens d’un certain âge. Les jeunes veulent des objectifs précis et accessibles. Une fois qu’ils ont fait leurs preuves, ils sont prêts à relever d’autres défis, y compris celui de la politique.
T- Quelle est votre vision d’Ottawa?
MF- Une ville qui n’a pas encore d’identité. Montréal en a une, Boston en a une, mais Ottawa? Ville verte? Technologique? On ne sait pas trop. Même la CCN n’arrive plus à peindre une image claire. Pour moi, Ottawa doit se démarquer par sa qualité de vie. Vivre dans un milieu urbain agréable en développant le train léger, l’eau, les parcs, tout en demeurant accessible aux familles.
T- Quel impact a eu votre passage à l’Université d’Ottawa sur votre vie, votre carrière?
MF- (Souriant) J’ai aimé l’Université d’Ottawa. J’ai appris à développer mon sens critique, à bâtir une pensée rationnelle. J’ai appris le leadership, les finances et comment faire des présentations. Ma santé est meilleure grâce à mon domaine d’études, les sciences de l’activité physique! L’Université d’Ottawa, c’est chez moi. J’étudiais dans un programme offert seulement en anglais, mais je pouvais remettre mes travaux et examens en français. L’Université est très centrale, près de tous les services. Et les professeurs sont des spécialistes très compétents.
Par contre, c’est le système universitaire dans son ensemble qui est à revoir à mon avis. Je trouve qu’on évalue la mémoire, pas la compréhension de la matière. J’ai des amis qui se présentaient uniquement aux examens, pas au cours. Ils étudiaient pendant une semaine et obtenaient la note de passage. Un mois plus tard, ils ne se souvenaient de rien. Si on est ingénieur, on devrait être évalué par des ingénieurs sur la base de ce qu’on a compris. Ce n’est pas le cas en ce moment.
T- Pensez-vous retourner à l’université?
MF- Un jour, j’aimerais peut-être faire un doctorat en santé sociale; encourager un mode de vie sain par l’implantation de marqueurs permettant de mesurer le succès des initiatives axées sur la santé. Trouver des manières d’inciter, de récompenser les bonnes habitudes de vie. C’est un projet que je caresse!