Jean-Guy Bruneau
En septembre 2004, l’Université d’Ottawa a voulu tirer profit des avantages de développement associés au bénévolat en liant cette pratique sociale à la formation reçue en salle de classe. De là, la création du Programme d’apprentissage par l’engagement communautaire.
L’initiative a fait boule de neige. Après un an, le programme a déjà gagné la participation de 45 professeurs et, d’ici la fin de l’année, près de 1 000 étudiants et étudiantes auront intégré leurs activités de bénévolat au cadre de leurs études. De quoi s’agit-il au juste? On doit effectuer trois heures de bénévolat par semaine sur une période de 12 semaines, après avoir obtenu l’accord du professeur.
Les avantages du nouveau programme sont nombreux tant pour la population étudiante que pour la communauté. L’apprentissage par l’engagement communautaire favorise en effet l’acquisition de compétences additionnelles reliées aux programme d’études, donne un cadre pratique à la théorie, permet de développer le sens des responsabilités et rehausse l’estime de soi grâce au travail effectué auprès de personnes dans le besoin.
Le Service d’appui au succès scolaire (SASS) multiplie par ailleurs les initiatives pour aider les étudiants à bien se préparer pour le marché du travail au moyen du bénévolat.
D’expliquer Claire Cayen, spécialiste en recherche d’emploi au SASS, tout est mis en œuvre pour aider les étudiants à repérer des activités de bénévolat correspondant à leurs besoins et à leurs études. À cet égard, des contacts étroits ont été établis avec la Fédération étudiante de même qu’avec des organismes par l’entremise de Bénévoles Ottawa.
Mme Cayen note l’importance du bénévolat pour les employeurs qui viennent régulièrement à l’Université dans l’espoir de dénicher de futures perles rares pour leur entreprise. « Il faut comprendre que le travail d’un étudiant, qu’il soit payé ou non, demeure tout à fait valable aux yeux d’un employeur. » D’ailleurs, entre deux candidatures d’égale valeur, un employeur manifestera souvent un préjugé favorable à l’endroit d’une personne ayant fait du bénévolat.
S’il souscrit aux avantages de l’apprentissage par l’engagement communautaire, le professeur Joel Westheimer y ajoute toutefois une condition. D’après lui, il importe de saisir les différences entre le geste civique qui vous gonfle de bons sentiments et celui, plus lourd de conséquences, qui contribue à l’épanouissement d’une authentique justice sociale et, par le fait même, au renforcement de la démocratie.
Aussi louables soient-elles, les actions bénévoles risquent de tomber à plat, à son avis, si elles ne font pas l’objet d’un questionnement critique. Le civisme dans une société démocratique exige davantage que de la simple gentillesse.
« Il faut savoir poser les bonnes questions. Travailler dans une soupe populaire, c’est très bien. Mais ne devrait-on pas aussi se demander pourquoi il y a tant de gens qui ont faim dans les pays les plus riches de la planète? »
C’est pourquoi il fait la distinction entre le citoyen responsable qui va contribuer à une campagne de souscription, celui qui va participer pleinement à l’organisation de cette même campagne et, enfin, celui qui fera un pas de plus en posant les questions politiques et sociales susceptibles de changer l’ordre des choses.