Geneviève L. Picard
Lorsqu’elle refermera derrière elle la porte de son bureau, le 30 juin prochain, Caroline Andrew mettra fin à un décanat qui a profondément transformé la Faculté des sciences sociales. Pour qui connaît Caroline Andrew, ce n’est pas surprenant : la doyenne a simplement transmis à l’institution des valeurs qui lui sont chères, telles que l’engagement communautaire, l’humanisme et la générosité intellectuelle.
Mme Andrew considère les universités comme des institutions qui ont le devoir de bâtir des communautés fortes, grâce à l’enseignement, la formation et la recherche, affirme son collègue Tim Aubry, directeur du Centre de recherche sur les services communautaires et professeur agrégé de l’École de psychologie. En guise d’exemple, il cite l’établissement de programmes interdisciplinaires en santé, en gérontologie ou en service social.
Justement, le développement des nombreux nouveaux programmes et centres de recherche sont deux des réalisations dont Caroline Andrew est la plus fière – même si elle s’empresse de souligner, avec la modestie qui lui est particulière, que ce n’est pas elle qui a fait le travail. Elle concède tout simplement que, dans son rôle de doyenne, elle a « une certaine capacité d’encourager les gens qui ont des bonnes idées ».
Elle est également très satisfaite d’avoir augmenté les contacts entre la Faculté et la communauté, grâce à l’essor des programmes coopératifs et des programmes tels que ceux en administration publique et en développement international.
Lorsqu’on lui demande s’il y a des choses qu’elle ferait différemment si son décanat était à recommencer aujourd’hui, Caroline Andrew s’esclaffe : « Beaucoup de choses ! » Elle reprend, plus sérieusement : « Il y a beaucoup de projets que j’aurais pu faire plus à fond. Mais l’intérêt d’être doyen, c’est qu’il y a tellement de possibilités, de champs d’action… »
« Mais si c’était à refaire, je déléguerais encore plus, et dès le début », dit-elle, en soulignant que le nombre de gens qui se sont empressés de répondre positivement à ses requêtes constitue l’un des plus beaux souvenirs de ses huit années comme doyenne.
Bien que le travail administratif ait pris une grande part de son temps, l’engagement de Caroline Andrew dans la communauté ne s’est pas relâché pendant ses années à la tête de la Faculté. Elle a notamment été l’une des forces vives dans un projet visant à améliorer l’accès des femmes aux programmes et aux services municipaux de la Ville d’Ottawa.
« Mon activité bénévole est souvent fondée sur mes intérêts de recherche, comme la politique locale. L’observation-participation est une bonne façon d’amasser de l’information. »
De son côté, Carl Nicholson, directeur exécutif du Catholic Immigration Centre of Ottawa, vante l’écoute et les talents de communicatrice de Mme Andrew, ainsi que sa personnalité « chaleureuse et accessible ». Ces qualités ont également été remarquées par les journalistes, qui font souvent appel à elle pour commenter l’actualité politique.
Celle qui est arrivée ici en 1971 – convaincue qu’elle ne travaillerait à l’Université d’Ottawa que le temps de se trouver un poste au gouvernement fédéral – ne quittera pas le campus de sitôt. Le 1er juillet, Caroline Andrew commence un congé administratif qui lui permettra, entre autres, de « faire le ménage » de son bureau. Une tâche herculéenne! Après quoi elle retournera à la recherche et à l’enseignement. « On a de très bons cours sur le secteur bénévole en administration publique… »
Dans sa carrière comme dans sa vie privée, Caroline Andrew continuera d’être guidée par le titre d’un ouvrage d’Ethel Wilson, écrivaine de la Colombie-Britannique : The Equations of Love. « C’est un titre magnifique : la vie est toute une série d’equations of love », conclut-elle.