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Un regard technique sur le tsunami

Tim Lougheed

Le monde a vu maintes et maintes images des pertes en vies humaines provoquées par le tsunami qui a balayé l’Océan Indien le 26 décembre 2004 et tué plus de 300 000 personnes.

Snanchart Devahastin et Murat Saatcioglu

(Photo du haut) L'ambassadeur de Thaïlande, M. Snanchart Devehastin, à gauche, s'entretient avec le professeur Murat Saatcioglu.

(Photo du bas)
Le professeur Ioan Nistor donne une explication technique.

Ioan Nistor
Les professeurs en génie civil Murat Saatcioglu et Ioan Nistor font partie de ceux qui examinent froidement les aspects techniques de cette catastrophe et ses conséquences pour les villes et villages installés en bordure des océans du monde. Pendant deux semaines à la fin janvier, leur équipe a été parmi les premières qui ont sondé certaines des régions les plus touchées de la Thaïlande et de l’Indonésie et analysé les dommages structuraux.

Le 16 mars 2005, dans un auditorium rempli à pleine capacité à l’École d’ingénierie et de technologie de l’information, ils ont donné un aperçu de leurs conclusions. Dans l’auditoire se trouvait M. Snanchart Devahastin, ambassadeur de la Thaïlande. Leur présentation a commencé par une collection de dramatiques vidéos d’amateurs et de nouvelles images prises partout où le tsunami a frappé. Les réflexions scientifiques de chaque orateur se sont révélées tout aussi prenantes.

M. Saatcioglu, qui est président de l’Association canadienne du génie séismique, a dit qu’une grande partie de ce qu’il avait trouvé en Thaïlande et en Indonésie lui rappelait d’autres lieux qu’il avait visités après de grands séismes.

Pour sa part, M. Nistor, qui se spécialise dans le génie côtier, a décrit le tsunami lui-même comme un effet secondaire du déplacement d’un énorme volume d’eau provoqué par l’affaissement d’une partie du plancher sous-marin sous une autre partie. Au large, le résultat devait être à peine perceptible – une vague d’un mètre au maximum a dû se déplacer en surface, néanmoins à une vitesse de plusieurs centaines de kilomètres à l’heure. Mais lorsqu’elle a atteint les hauts-fonds, elle a pris des proportions phénoménales, atteignant parfois 10 mètres de hauteur au moment de s’écraser sur certains rivages.

Debris

Les dommages causés par cette vague étaient bien différents de ceux d’un tremblement de terre typique. M. Saatcioglu se souvient d’avoir pris un moment pour apprécier l’impact profond des « débris », notamment des objets comme des automobiles et d’énormes bateaux qui ont été transportés jusqu’à 3,5 km à l’intérieur des terres, démolissant au passage des édifices comme ni les flots ni un tremblement de terre à eux seuls n’auraient pu le faire.

Il a souligné que, lorsque le tsunami s’est abattu sur certains bâtiments, la pression exercée était en fait bien inférieure à celle d’un tremblement de terre et que les édifices bien conçus avaient résisté à l’assaut. Il l’a constaté sur l’île Phi Phi que la vague a balayée : « Même si l’île a été dévastée, certains hôtels ont fort bien tenu le coup. » Hotel

Houses Les édifices qui ont cédé étaient des habitations à charpente en bois assez semblables à la plupart des maisons canadiennes. En montrant une photographie de Vancouver, installée dans la partie basse du rivage du Pacifique et peu différente de celle ravagée par le tsunami de l’Océan Indien, il a suggéré qu’une vague comparable créerait le même type de paysage mutilé que celui qu’il a vu en Asie.

Il a ajouté que la côte ouest de l’Île de Vancouver, relativement peu peuplée, absorberait la majeure partie de l’impact d’une vague de ce type avant qu’elle atteigne la ville. Et il y a également de grandes chances que les structures construites pour résister à un tremblement de terre supporteraient ce genre de tsunami.

« C’est une sorte de rappel à la réalité pour nous tous », a conclu M. Saatcioglu.