Des centaines de professeurs d’enseignement postsecondaire de partout au pays ont envahi l’Université pendant trois jours à la fin de février, pour se rendre compte jusqu’à quel point la technologie de l’information est à la base de changements profonds dans leur profession.
Animée par la maison d’édition McGraw-Hill Ryerson, la 20e conférence annuelle sur l’enseignement, l’apprentissage et la technologie (Teaching, Technology and Learning Conference)a aussi donné lieu à l’inauguration officielle de l’Institut pour l’avancement de la pédagogie en enseignement supérieur.
L’Institut mène de front deux initiatives clés, grâce à une subvention de 1,2 millions de dollars de CANARIE, organisme sans but lucratif qui œuvre au développement et à l’exploitation de réseaux de recherche et d’applications qui leur sont destinées. Deux sites Web ont ainsi été créés : l’un, www.facultydevelopment.ca, fournit des ressources pour le développement professionnel des professeurs aux études supérieures; l’autre, www.e-kit.info, qui sera bientôt lancé sur le campus, sert à appuyer l’enseignement et l’apprentissage en ligne.
Le site facultydevelopment.ca a été conçu par Tim Pychyl, professeur en psychologie de la Carleton University et détenteur d’un prestigieux prix 3M pour l’excellence en enseignement, et Aline Germain-Rutherford, directrice du Centre de pédagogie universitaire à l’Université d’Ottawa.
« Nous voulions que le résultat soit logique par rapport à la pensée pédagogique », a dit Mme Germain-Rutherford, lors d’un atelier d’introduction au site destiné aux participants à la conférence. « Nous devons mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre à la fois dans l’apprentissage et dans l’enseignement. »
En plus de vidéoclips et d’autres contributions de la part de divers professeurs, reflétant tous les aspects de leur travail, le site comprend des outils servant à aider les participants à mieux comprendre leurs propres activités d’enseignement. Selon la professeure Germain-Rutherford, l’expérience interactive du site Web est en soi une forme d’apprentissage expérientiel.
Le besoin de telles ressources va de pair avec la croissance de l’utilisation et de la capacité des systèmes en direct dans le domaine de l’éducation. Il y a quelques années à peine, bon nombre de professeurs n’auraient pas vu l’utilité de monter un site Web dans le cadre d’un cours; aujourd’hui, cela va de soi, pour eux et leurs étudiants.
Sur le seul campus de l’Université d’Ottawa, plus de 1 000 professeurs emploient ce type de cyberapprentissage, affirme Christian Blanchette, directeur du Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage. Plus de 600 professeurs ont aussi participé à des ateliers sur l’usage de technologies et de méthodes d’enseignement innovatrices.
M. Blanchette est l’un des concepteurs principaux de la trousse en ligne (e-kit), un centre de ressources virtuelles créé dans le but de résoudre des problèmes et de favoriser la mise en place de pratiques exemplaires en cyberéducation; cet outil profite des idées et de matériel spécifique fournis par une communauté d’usagers qui veilleront à l’élaboration et au partage des ressources de la trousse.
Les éducateurs se demandent comment se servir des technologies de l’information pour favoriser l’innovation. « C’est une question qui intéresse un grand nombre de personnes partout au pays. Nous n’avons pas encore de réponse, mais nous sommes en pleine exploration », dit Christian Blanchette.
Plus de 40 présentations faisaient partie de la conférence, qui traitait d’une variété de questions touchant, par exemple, l’usage de la technologie pour agir sur la taille des classes, la gestion de la communication par courriel avec les étudiants et la personnalisation des cours pour profiter de stratégies spécifiques en cyberapprentissage. Selon Petra Cooper, présidente de la section des études supérieures à McGraw-Hill Ryerson, le nouvel Institut reflète bien cette diversité.
« Nous voyons dans l’Institut le germe d’éléments qui nous mèneront dans toutes sortes de directions », dit-elle. Elle ajoute que les objectifs établis ici mettent en place de nouvelles normes en ce qui concerne les partenariats entre l’entreprise privée et le secteur public dans le domaine de l’éducation. « En bout de ligne, cette collaboration deviendra une force puissante pour façonner l’expérience canadienne dans le domaine des études supérieures. »
