A la uneA LA UNE

Des pertes de chaleur qui rapportent

  main
   
Laura Eggertson

Deux grandes initiatives « vertes » d’élimination des pertes d’énergie sur le campus font aussi réaliser d’énormes économies à l’Université.
 
La première consiste à faire circuler l’eau froide servant à régulariser la température dans les laboratoires d’informatique et les installations de recherche. Au moyen d’appareils appelés « refroidisseurs » et d’un vaste réseau de tuyaux en acier, situés à la centrale thermique, la chaleur perdue —  produit résiduel du processus de refroidissement —  est réutilisée simultanément pour chauffer le pavillon D’Iorio. En récupérant la chaleur perdue dans un processus pour l'utiliser dans un autre et aussi d'un immeuble à un autre, l'Université réutilise de l'énergie qu’elle a déjà achetée et payée.

« La chaleur que nous réinjectons dans le pavillon D’Iorio représente environ 5 % du gaz naturel que nous achetons. Autrement dit, cela réduit de 5 % la facture de chauffage du campus. C’est énorme! », explique Pierre de Gagné, directeur adjoint, Développement durable et ingénierie, au Service des immeubles.

Ce programme de récupération de la chaleur, entrepris il y a deux ans et demie, est jumelé à une seconde initiative de modernisation du système de ventilation ambiante du pavillon Fauteux. Un échangeur de chaleur géant, installé sur le toit, récupère la chaleur évacuée de l’immeuble et la recycle afin de chauffer l'air qui est propulsé à l’intérieur du bâtiment.

Ce procédé de chauffage et de refroidissement réduit les coûts en énergie d’environ 400 000 $ par année, indique Pierre de Gagné. Ce projet, évalué à environ 1,8 million de dollars, devrait donc s'autofinancer en un peu moins de cinq ans, sous réserve des variations du prix de l’énergie.

En plus de tout cela, l'Université va acheter trois nouvelles pompes plus efficaces et optimiser l’aménagement afin d’améliorer le système de refroidissement de l’eau qui sert à climatiser les immeubles durant l’été. Ces nouvelles pompes remplaceront des modèles vieux de 40 ans; elles permettront d’économiser 28 % des coûts d’énergie associés aux tours de refroidissement et de pompage, précise M. de Gagné.

« Cela nous donnera aussi une marge de croissance pour l'avenir, ce qui nous aidera à éviter des immobilisations plus tard », ajoute-t-il.

De Gagné, solidement épaulé par l’ingénieur en énergie et ancien de l’Université (génie) Faizal Sudoollah, a la responsabilité de l’efficacité énergétique des quelque 570 000 mètres carrés d’immeubles sur le campus. Ces hommes s’inscrivent dans une longue tradition d’ingénieurs à l’emploi de l’Université d’Ottawa qui mettent la priorité sur le développement durable. L’Université a embauché son tout premier gestionnaire de l’énergie en 1974; pourtant, bien que l’étendue du campus et sa population étudiante aient presque triplé depuis, la consommation d’énergie est demeurée quasi inchangée, indique M. de Gagné, « grâce à toutes les modernisations et adaptations que nous avons apportées ».

À vrai dire, depuis 1974, les émissions directes du campus ont diminué de 26 %, ajoute-t-il. Au cours des 15 dernières années uniquement, l’Université a épargné 27 millions de dollars en coûts de carburant, d’électricité et d’eau. Ces résultats impressionnants sont le fruit du travail de l’équipe de Pierre de Gagné et de son homologue Mario Boileau, qui dirige le secteur des services techniques, de l’exploitation et de l’entretien au Service des immeubles.

Si les deux équipes ne collaboraient pas aussi étroitement, elles n'obtiendraient pas les économies qu'elles ont réalisées, indique de Gagné. « Nous ne sommes pas la compagnie Dofasco, mais ici les gens sont vraiment une force importante », dit-il.