« Le démantèlement du régime soviétique en Russie a permis aux chercheurs canadiens et occidentaux d’avoir un bien meilleur accès qu’auparavant à des documents d’archives d’une valeur historique et littéraire incontestable », déclare Andrew Donskov, spécialiste de renommée mondiale sur Tolstoï. « Par exemple, nous avons un nouvel éclairage sur les relations de Tolstoï avec les Doukhobors du Canada. »
Le professeur Donskov, du Département des langues et littératures modernes, a reçu récemment le titre de Professeur éminent de l’Université d’Ottawa. Ce prix, dont il est le 6e récipiendaire, a été établi en 1999. Au cours de ses 30 années de carrière professionnelle (dont les 22 dernières à l’Université d’Ottawa), le professeur Donskov a cherché à mieux faire connaître la culture et la littérature russes, et surtout l’un de ses principaux représentants, l’écrivain Léon Tolstoï.
Le titre de Professeur éminent n’est pas seulement honorifique : il comprend également une bourse de recherche, dont le professeur Donskov se servira pour terminer plusieurs projets en études slaves. Il s’est intéressé récemment aux références canadiennes dans l’histoire de la culture et de la littérature russes et, en particulier, aux liens étroits entre Tolstoï et les 7 500 membres de la secte religieuse des Doukhobors que l’écrivain a aidés à émigrer en masse au Canada en 1899.
En accord avec son désir de rendre les études slaves plus accessibles pour les Canadiens, le professeur Donskov a fondé, en 1998, le Groupe de recherche en études slaves, unité de recherche indépendante de la Faculté des arts. Ses collègues lui attribuent le mérite d’avoir permis à l’Université d’acquérir, grâce à ce Groupe, une solide réputation internationale en matière d’études slaves.
En 1992, il est devenu le seul chercheur de l’Amérique à être admis, par l’Académie des sciences de Russie et son comité éditorial, à participer à la nouvelle édition des œuvres complètes de Tolstoï en 100 volumes. En 2002, il a été élu membre à part entière de l’Académie Petrovskaja des arts et des sciences.
Ses réalisations ne sont pas passées inaperçues au Canada. Récipiendaire de nombreuses subventions de recherche du CRSHC et d’organismes à l’échelle internationale pour ses projets dans le domaine de la littérature russe, il a été reçu membre de la Société royale du Canada en 2001.
Bernard Philogène, ancien vice-recteur aux études, a accompagné le professeur Donskov lors d’un voyage à Moscou et à Saint-Pétersbourg en 1991, dans le cadre de consultations avec l’Académie des sciences de la Russie. Selon lui, l’empressement avec lequel leurs hôtes russes ont démontré leur intérêt pour des collaborations futures souligne bien l’ampleur des répercussions qu’ont eues les recherches du professeur Donskov parmi les chercheurs russes.
Un exemple de cette influence se trouve dans les diverses réactions russes au point de vue exprimé par le professeur Donskov sur les transformations de l’image du paysan russe dans le théâtre du xixe siècle. Sa première monographie, publiée par l’Académie des sciences de Finlande en 1972, avait reçu beaucoup d’éloges pour s’être écartée de façon importante des banales études soviétiques sur ce sujet qui citaient la paysannerie russe en exemple pour l’idéologie soviétique officielle. Bien que le point de vue original du professeur Donskov ait été critiqué à l’époque par les détenteurs du savoir officiel de l’Union soviétique – dont l’opinion était sous l’emprise du parti –, ses études sont aujourd’hui largement acceptées par les chercheurs russes.
Selon David Rampton, directeur du Département d’English, les premières recherches de Donskov sur le théâtre dramatique russe lui ont conféré un rôle de premier plan dans le domaine des études théâtrales en Russie, et ses plus récentes publications sur Tolstoï « ont clairement modifié la façon dont les critiques perçoivent l’œuvre de Tolstoï ».