Tim Lougheed
Le fameux satellite russe Sputnik entrait en orbite il y a 50 ans cet automne, quelques semaines après que Ronald Bodkin ait commencé sa carrière dans l’enseignement. Et tout comme nous continuons de profiter des retombées de ce premier engin spatial, les étudiants et étudiantes de ce professeur d’économie continuent de profiter de son enseignement motivant.
Le professeur Bodkin n’avait que 21 ans lorsque tout a commencé, en 1957. Il venait d’obtenir un diplôme de premier cycle et commençait des études de maîtrise à la University of Pennsylvania, à Philadelphie.
« J’occupais en fait un rang professoral, même si je n’avais qu’un baccalauréat avec spécialisation en économie, se rappelle-t-il. Dans ce temps-là, on acceptait les étudiants diplômés comme professeurs dans les cours d’introduction. »
Bien des étudiants du professeur Bodkin étaient à peine plus jeunes que lui, et certains étaient beaucoup plus âgés, dans les cours du soir qu’il donnait à l’occasion. Néanmoins, il s’est tout de suite senti très à l’aise dans ce rôle, pour les mêmes raisons qui font qu’il y prend toujours plaisir aujourd’hui.
« C’est pour la joie de voir le visage d’un étudiant ou d’une étudiante s’illuminer, ou le plaisir de partager une bonne présentation interactive en classe, explique-t-il. Cela n’a pas changé. »
Après avoir terminé des études de doctorat, le professeur Bodkin a occupé des postes à Yale et à la University of Western Ontario pour finalement arriver à l’Université d’Ottawa, en 1975. Il a écrit une dizaine de livres et des douzaines d’articles savants, la plupart de ses recherches portant sur la macroéconomie, tant dans l’histoire qu’à notre époque et dans diverses régions du monde.
Toutefois, au début des années 1990, il s’est découvert un intérêt particulier pour la perspective féministe en économie politique et pour les questions touchant les femmes. En collaboration avec l’Institut d’études des femmes de l’Université, il a élaboré un cours d’introduction à ce domaine pour le Département d’économie, cours qu’il enseigne aujourd’hui, quelque six ans après avoir atteint l’âge de la retraite obligatoire.
Le professeur Bodkin voulait continuer à travailler et a joint sa voix à celles des lobbyistes qui tentaient de faire abroger les lois provinciales sur la retraite obligatoire, un objectif qui a été atteint vers la fin de l’année dernière. Dans l’intervalle, en 2004, il a été invité à revenir enseigner en tant que semi-retraité, une occasion qu’il s’est empressé de saisir.
Ces années qu’il a passées hors de la salle de classe font partie de seulement quelques interruptions à sa carrière d’un demi-siècle dans l’enseignement. C’est ainsi qu’il a vu les tableaux noirs être remplacés par les présentations PowerPoint, quoique de son point de vue, ce soit le rétroprojecteur qui ait été la dernière invention technologique importante mise au service de l’enseignement.
De même, tout en reconnaissant que l’humour peut nourrir les bonnes relations avec les étudiants, il tente d’éviter les blagues qui peuvent être « politiquement incorrectes » ou simplement démodées. À l’inverse, il peut émailler une discussion sur la fortune économique des femmes avec ses propres souvenirs des lois leur interdisant le travail dans les années 1950 et 1960, alors qu’une femme pouvait perdre son emploi si elle se mariait ou devenait enceinte.
Mais ce qu’il apprécie par-dessus tout, c’est le contact direct avec les étudiantes et les étudiants, car ce sont eux qui l’aident à faire en sorte que lui-même et l’Université cherchent toujours à s’améliorer.
« Les étudiants ne vous laissent pas trahir l’enseignement, dit-il. Ils vous forcent à rester honnête. »