Échos du campusÉCHOS DU CAMPUS

Innovations dans la conception des casques

Tim Lougheed

  Blaine Hoshizaki
   

Votre casque de vélo peut vous sauver la vie si vous avez un grave accident, mais il ne vous protégera pas nécessairement d’une commotion causée par une chute mineure. Dans un même ordre d’idées, les casques de hockey peuvent prévenir les commotions causées par les collisions répétées à faible vitesse, mais ils ne sont pas conçus pour vous sauver d’un coup violent et direct.

Ces nuances montrent les priorités divergentes de l’équipement protecteur, un défi complexe de conception que relève le professeur Blaine Hoshizaki, directeur de l’École des sciences de l’activité physique de la Faculté des sciences de la santé. Avant de se joindre à l’École en 2003, il a passé plus de dix ans à évaluer les forces et les faiblesses de la technologie des casques de hockey, d’abord en tant que conseiller pour les Canadiens de Montréal, puis auprès des fabricants importants Bauer et CCM.

En cours de route, il a commencé à parfaire les techniques appliquées à la mise à l’essai des casques. En commençant par des systèmes rudimentaires au cours des deux dernières années, comme laisser tomber les casques sur des surfaces dures à partir d’une hauteur élevée, le professeur Hoshizaki a pu mettre en place un laboratoire à la fine pointe de la technologie ayant reçu près de 500 000 $ de la part d’investisseurs privés.

C’est ainsi que vous verrez des étudiants diplômés et des professeurs se servant de pistolets pneumatiques pour frapper des cibles avec une extrême précision, par exemple des têtes/cous de mannequins équipés de plus d’une douzaine de capteurs différents pour calculer le mouvement et la pression.

De cette façon, le professeur Hoshizaki et ses collègues ont effectué des milliers de tests, ce qui a permis de recueillir des volumes de données sans précédent sur l’utilité des casques. Grâce à ces tests, il a pu s’attaquer à certains des problèmes les plus fondamentaux auxquels se heurtent des organisations comme la LNH et la NFL, qui ont des exigences en matière de casque différentes de celles des consommateurs qui veulent se protéger des accidents de vélos.

« À ces groupes d’utilisateurs, nous posons la question : à quel endroit voulez-vous être protégés? Personne n’a vraiment défini ce que signifie “plus de protection”, dit le professeur Hoshizaki. Est-ce la protection contre des blessures graves ou contre des commotions? »

Il explique qu’en raison des règlements qui régissent le jeu du hockey, les blessures catastrophiques demeurent relativement rares, tandis que le risque de commotion est élevé. Par contre, les conducteurs de vélos ou de motocyclettes ont besoin d’un casque pour leur protéger la tête contre des impacts catastrophiques. Ces deux types d’applications nécessitent des mécanismes de protection très distincts.

En fait, les recherches effectuées à l’Université d’Ottawa permettent de définir de toutes nouvelles possibilités pour tous les types d’applications. Plutôt que de remplir les casques avec de la mousse ou d’autres matériaux compressibles visant à absorber la force de l’impact, les enquêteurs ont remarqué qu’il est beaucoup plus efficace d’utiliser des compartiments contenant de l’air.

« Cette trouvaille nous a donné un autre outil pour gérer la force de l’impact », affirme le professeur Hoshizaki, en indiquant que l’air qui s’échappe de ces compartiments empêche également la tête ou le cou de la personne d’être touchés par la force de l’impact. De plus, l’ampleur de l’air relâché correspond à la quantité d’air contenue dans chaque compartiment, ce qui permet de modifier le rendement d’un casque pour répondre aux besoins d’un sport en particulier.

En plus de fixer de nouvelles normes de certification dans les articles de sport et d’autres domaines, ces innovations pourraient même servir à produire des dispositifs de protection qui répondent aux besoins exigeants des marchés militaires ou industriels.

« C’est ce qui est si motivant : pouvoir maintenant installer ces dispositifs directement à l’intérieur du casque », conclut-il.