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Faits et mythes de la culture celtique

Laura Eggertson

 
  Des croix celtiques en Irlande
Demandez à Paul Birt ce qu’il pense de la Saint-Patrick et la première chose qu’il fait, c’est de dissiper une fausse idée très répandue. Il s’avère que, même si saint Patrick est le patron de l’Irlande, il n’était pas Irlandais, explique le titulaire de la Chaire d’études celtiques.

« En réalité, saint Patrick était théoriquement un romano-britannique », précise allègrement M. Birt. « On parle d’un celte qui a été romanisé pendant l’époque romaine. »

Patrick, qui s’est rendu célèbre en convertissant les Irlandais païens au christianisme, a donc grandi sur la côte ouest britannique au 5e siècle. Adolescent, il a été enlevé et amené en Irlande d’où il s’est échappé après avoir vécu six ans d’esclavage. Patrick est retourné en Irlande à l’âge adulte comme missionnaire de l’Église paléochrétienne. Le 17 mars, jour de la Saint-Patrick, c’est sa mort que l’on commémore.

Quoiqu’il ait connu le latin et maîtrisé la langue irlandaise, Patrick a grandi en parlant une langue protogalloise.
M. Birt, qui est originaire du nord du Pays de Galles et qui est un ardent défenseur de la langue de sa terre d’origine, prend beaucoup de plaisir à relater cette partie de l’histoire.

La langue n’est qu’un des repères culturels qui définissent les collectivités celtiques, souligne le professeur Birt. Dans la région d’Ottawa, par exemple, des collectivités irlandaises ont été fondées tout le long de la vallée de l’Outaouais au début du 19e siècle. Cependant, la plupart des immigrants irlandais n’ont pas conservé leur langue (l’irlandais, aussi appelé le gaélique d’Irlande), même s’ils ont gardé certains aspects de leur culture, comme la pratique de leur religion. La musique vocale et instrumentale a été le lien culturel le plus solide de ces communautés.

« C’est cette connexion-là qui fait que les gens se sentent plus irlandais dans ces communautés historiques de l’Outaouais », affirme M. Birt.

La musique lie aussi les immigrants irlandais venus au Canada à d’autres époques, notamment après la Seconde Guerre mondiale et au cours des années 1990. « En examinant ces communautés, on constate qu’elles sont toutes différentes. Elles représentent divers aspects et divers stades de l’Irlande au fil du temps », explique le professeur Birt.

De la même façon, la collectivité celte à Ottawa ainsi qu’au Canada est composée de peuples variés, y compris les Irlandais, les Gallois, les Écossais (des Highlands, des Lowlands et des îles), les Cornouaillais et les Bretons. « Il est impossible de définir une seule collectivité celte comprenant tous ces peuples, parce que ces gens proviennent de régions et de pays qui sont grandement différents les uns des autres. »

Les travaux du professeur Birt comme titulaire de la Chaire d’études celtiques embrassent toutes ces cultures. L’Université donne des cours d’irlandais, ainsi que de langues galloise et bretonne, mais ce sont toutefois les cours où l’on met l’accent sur l’étude des civilisations celtes anciennes qui s’avèrent les plus populaires. Cette année, quelque 400 personnes suivent des cours touchant la culture celtique au Département de langues et littératures modernes.

Il y a un fort mouvement au sein de la communauté irlandaise pour une utilisation accrue de la langue irlandaise. Une fin de semaine d’apprentissage de l’irlandais a d’ailleurs lieu chaque année à Arnprior. L’irlandais est la première langue officielle en Irlande et il est enseigné dans les écoles. Mais on compte peu de communautés au sein desquelles l’irlandais est parlé, sauf dans l’extrême ouest du pays. La télévision et la radio irlandaise contribuent néanmoins à répandre l’usage de cette langue, précise M. Birt.

Alors, pour vous changer un peu de l’anglais et du français si présents, allez vous promener dans le coin celtique du pavillon des Arts. Vous y entendrez probablement la cadence lyrique d’un chanteur gaélique émanant du bureau du professeur Birt. Au son du gallois ou de l’irlandais, vous saurez qu’il reçoit des visiteurs. Le gach dea-mhéin : meilleurs vœux.

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Chaire d’études celtiques