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La littérature pour ré-enchanter le monde

Geneviève L. Picard

  Marco Micone
   
L’auteur et dramaturge Marco Micone a été choisi comme écrivain en résidence par le Département des lettres françaises pour l’année 2006-2007, où il donnera un cours en création littéraire. Détenteur d’une maîtrise en littérature française de l’Université McGill, M. Micone est l’auteur, entre autres, des pièces Gens du silence et Addolorata ainsi que du récit biographique Le figuier enchanté; il a également traduit en français plusieurs pièces de Carlo Goldoni, de Luigi Pirandello et de Shakespeare. Il a été professeur au collège Vanier de 1970 à 2001.

Quelle est l’importance du dramaturge, de l’écrivain, de la littérature aujourd’hui, alors que la société se nourrit tellement de l’image et du mouvement?

On a tous besoin de nourrir notre imaginaire. La meilleure façon d’y arriver, c’est en lisant des œuvres littéraires d’ici ou d’ailleurs. La littérature permet aussi de
« ré-enchanter » ce monde si décevant, si matérialiste et si violent.

En tant qu’immigrant italien arrivé au Canada à l’adolescence, vous avez beaucoup écrit sur « l’entre-deux » : les gens qui naviguent entre deux cultures, deux langues, deux pays… Est-ce que cela vous donne une vision particulière de l’Université d’Ottawa?

J’avais très hâte de rencontrer mon groupe, des étudiantes et des étudiants intelligents et pleins de vie qui étudient la littérature depuis quelques années, qui réfléchissent sur leur identité et qui veulent écrire. Dans leur projet d’écriture, il y en a cinq ou six qui se sont penchés sur leur statut minoritaire francophone en Ontario. Je suppose que cela doit intéresser le reste de la classe et que nous aurons des discussions très intéressantes sur leur perception du Québec et d’autres groupes minoritaires, comme les immigrants.

Cette année, vous êtes écrivain en résidence au Département des lettres françaises. Quel est votre rôle?

J’encadre le travail de création des étudiants, qui vont tenter d’écrire une pièce de théâtre. Ils ont déjà rédigé un synopsis et présenteront bientôt en classe un dialogue de plusieurs pages. Leurs efforts aboutiront à une pièce de théâtre – ou une partie de pièce… Mon rôle se résume à un travail d’accompagnateur à la fois compréhensif et critique.

De quoi parlent vos étudiants, qu’est-ce qui les préoccupe?

Pour faire connaissance lors du premier cours, j’ai demandé aux étudiants s’ils avaient déjà écrit. Une bonne moitié d’entre eux avaient déjà écrit des poèmes, des nouvelles. Une étudiante m’a dit que son roman policier est presque prêt à être envoyé à un éditeur. Je voulais savoir ce qu’ils voulaient faire de cette pratique de l’écriture. Ils ont ce rêve, parfois un peu caché, de publier plus tard, de devenir écrivains ou dramaturges… mais professionnellement, ils se dirigent presque tous vers l’enseignement!

Si vous deviez recommander un livre à lire, lequel proposeriez-vous?

Il y a un livre qui m’a marqué quand j’étais jeune, qui m’a révélé une facette de la société québécoise : Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. C’est à ce moment-là que je suis devenu Québécois, que je me suis senti chez moi. Ce bonheur d’occasion, c’était celui de ma famille.