Relever le défi de l’interdisciplinarité
Geneviève L. Picard
Après avoir obtenu un doctorat en chimie à McGill et travaillé dans le domaine de la biotechnologie et des médicaments, Mona Nemer s’est rendu compte que pour développer des approches innovatrices en chimie médicinale, il lui fallait des connaissances en biologie moléculaire-endocrinologie, domaine dans lequel elle a entrepris ses recherches postdoctorales. Cette formation multidisciplinaire a profondément marqué la vision de la nouvelle vice-rectrice à la recherche de l’Université d’Ottawa.
Faciliter la recherche
On sent l’enthousiasme dans la voix de la chercheuse, surtout quand elle parle de ses nouvelles responsabilités. « C’est un grand honneur de marcher dans les pas de Howard Alper, un grand visionnaire et un éminent scientifique. » Elle voit son travail comme celui d’un facilitateur de recherche : « Pour aider les chercheurs de tous les niveaux, des étudiants aux professeurs, dans leurs fonctions et leur métier, il nous faut créer une atmosphère propice à la recherche, améliorer les infrastructures, assurer les fonds nécessaires… »
Pour Mme Nemer, « la recherche et l’enseignement sont indissociables » et, selon elle, les bons chercheurs sont une source d’inspiration pour les étudiants.
Même si ses fonctions de vice-rectrice vont la tenir bien occupée, elle a la ferme intention de poursuivre ses recherches en génétique et en cardiologie. « C’est très important pour le vice-recteur à la recherche d’être un chercheur engagé et actif, pour bien comprendre les frustrations du quotidien. »
Elle souligne la présence des deux vice-recteurs associés à la recherche, Adèle Reinhartz et Nicolas Georganas, deux chercheurs de renom membres de la Société royale du Canada. « Je trouve extraordinaire que les gens de la haute administration soient des chercheurs convaincus. Ici, faciliter la recherche est réellement une priorité. »
Vision 2010 et la recherche
« L’Université a un plan stratégique, Vision 2010, où l’on trouve des énoncés fort ambitieux : nous voulons être l’une des cinq meilleures universités canadiennes. Je pense sincèrement qu’on a ce qu’il faut pour y arriver. » Parmi les forces de l’Université, Mme Nemer souligne le bilinguisme à l’ère de la mondialisation, son emplacement dans la capitale nationale et la présence de chercheurs reconnus sur la scène internationale. « On veut être comme le Canadien de Montréal à la belle époque et avoir le premier choix des meilleurs professeurs et chercheurs, qui vont par la suite attirer les meilleurs étudiants! »
Elle a tout de même recensé quelques défis à l’horizon, celui de l’interdisciplinarité, par exemple : bien qu’on reconnaisse son importance, elle note que ni les évaluations de professeurs ni le système de subventions ne sont conçus en fonction de l’interdisciplinarité.
Elle aimerait également approfondir l’expérience internationale, que ce soit en intégrant dans la formation des composantes de mobilité ou en favorisant les stages à l’étranger, entre autres projets.
Enfin, elle a l’intention d’encourager la présence des femmes au sein du corps professoral, et ce, dans tous les secteurs, particulièrement en sciences et en génie. « Ce n’est pas une question d’égalité des sexes : on ne peut pas se permettre d’avoir 50 p. 100 de la population qui ne soit pas représentée dans des secteurs essentiels à notre prospérité collective. C’est un enjeu de société. »
Au cours de sa carrière, Mme Nemer a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont le prix Léo-Pariseau de l’Association francophone pour le savoir (2003) et le prix Jeanne Manery Fisher (2002). Elle a été titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la différentiation des cellules cardiovasculaires et est membre de l’Académie des sciences de la Société royale du Canada.