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Mathématiques, matière grise et tableau noir

Françoise Trudeau-Reeves

Le Prix d’excellence en éducation de l’Université souligne le mérite exceptionnel de professeurs qui se distinguent par un enseignement de qualité doublé d’un solide programme de recherche. Un portrait de chacun des sept récipiendaires paraîtra dans la Gazette au cours des prochains mois.

 
   
Dans le couloir à l’étage du Département de mathématiques et statistique, à la hauteur du bureau du professeur Thierry Giordano, un tableau noir est couvert d’une forêt de symboles et de nombres. Professeurs et étudiants l’utilisent pour poursuivre leurs discussions pendant les pauses.
M. Giordano, Prix d’excellence en éducation 2006, s’approche du tableau et pointe les divers groupes de symboles : « Ceci veut dire quelque chose. Cela, non. Ça, c’est un graffiti… »

C’est peut-être sa capacité à extraire du sens de la forêt des concepts mathématiques qui fait de Thierry Giordano, également Professeur de l’année 2002 à la Faculté des sciences, un pédagogue émérite et aimé de ses étudiants. Univers de rigueur et de logique, science abstraite mais fondamentale, les mathématiques rebutent certains esprits autant qu’elles fascinent les autres.

« Elles sont une science extrêmement vivante », affirme le professeur, indiquant que les mathématiciens ont démontré plus de nouveaux résultats depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que de l’Antiquité à 1945.

« L’enseignement des mathématiques est souvent un défi », concède M. Giordano. La remarque s’applique d’abord à ce qu’il nomme « les cours de services » destinés à la clientèle étudiante d’autres disciplines, du génie à la biologie en passant par l’administration. Le plus difficile, selon le professeur, est d’inculquer le raisonnement mathématique. Celui-ci présente une composante intuitive – poser des hypothèses et conjecturer une proposition – et une partie souvent plus formelle qui consiste à démontrer cet énoncé, explique-t-il.

L’un des premiers professeurs à créer un site Web pour ses cours, M. Giordano (avec le professeur Joseph Khoury) est à l’origine d’initiatives comme le Problème du mois, qui s’adressera dès cet automne aux jeunes du secondaire de la région. Lui et son collègue Barry Jessup ont aussi mis à jour, en 1998, une banque de problèmes pour les étudiants de première année en algèbre linéaire, qui est toujours utilisée et actualisée.

M. Giordano, qui accorde une grande importance au rayonnement de l’Université dans la collectivité, participe à des activités comme le camp d’été ESSO-CMS, pour les jeunes du secondaire, et il a été l’organisateur principal d’une école d’été de l’Institut Fields de recherche en mathématiques qui a réuni à Ottawa, pendant deux semaines en 2005, plus de 70 étudiantes et étudiants diplômés du monde entier.

Ce genre de rencontres est essentiel au rayonnement et à l’avancement des mathématiques, explique M. Giordano, qui revient lui-même d’une rencontre scientifique en Colombie-Britannique. « Car, en mathématiques, l’idée de la solution d’un problème vient souvent en discutant. » Il suffit d’assez de matière grise et d’un tableau noir…