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La (non) confiance envers le gouvernement

Chantal Meda

La recherche menée par le professeur David Zussman, titulaire de la Chaire Jarislowsky en gestion dans le secteur public de l’Université d’Ottawa, montre qu’une majorité de Canadiens et de Canadiennes font preuve de méfiance envers le gouvernement et d’un  cynisme grandissant à l’égard des politiciens.

Cette recherche dirigée par la firme EKOS s’inscrit dans le cadre d’un projet au cours duquel le professeur Zussman étudie, sur une période de 20 ans, la confiance de la population envers ses institutions publiques.

Selon les résultats de l’étude, la proportion de Canadiens et de Canadiennes qui font confiance au gouvernement est passée de 58 pour cent à la fin des années 1960 à seulement 27 p. 100 en 2005. Quant au nombre de personnes qui disent n’avoir jamais été membres d’un parti politique ou ne pas avoir travaillé pour un parti politique au cours des trois dernières années, il est passé de 74 à 85 p. 100 en seulement cinq ans. Pour le professeur Zussman, cette diminution de l’intérêt peut se traduire par une baisse de participation au moment des élections et est particulièrement alarmante chez les jeunes, qui semblent moins enclins à s’engager en politique.

Alors qu’elle est de moins en moins attirée par la politique, la population canadienne se tourne de plus en plus vers le bénévolat en guise de participation civique, que ce soit au niveau du sport amateur, des campagnes de Centraide, des organismes de charité ou des hôpitaux. Selon les chiffres de la recherche, 59 p. 100 des Canadiens et des Canadiennes disent avoir fait du bénévolat au cours des trois dernières années.

Toujours selon la recherche, la population canadienne serait dans l’ensemble fort satisfaite de son sort puisque les trois quarts des gens se disent très heureux de la vie qu’ils mènent au Canada en ce moment. 

« Ceux qui s’intéressent aux partis politiques doivent s’inquiéter, dit le professeur Zussman. Pas tant parce que les gens ne s’engagent pas, mais parce qu’ils ne s’engagent pas en politique. Nous remarquons au cours de toute cette période une baisse constante de la confiance des gens dans leurs institutions publiques. »  

Les raisons de cette baisse vertigineuse sont complexes. « Nous avons connu un certain nombre de problèmes de gouvernance au cours des derniers 20 à 30 ans, et les citoyens en ont été plus conscients qu’auparavant », précise M. Zussman. Il attribue cette conscience accrue de la part du public à la couverture médiatique qui a modéré l’opinion et les attentes du public en ce qui a trait au rôle du gouvernement. 

Cela aura-t-il des répercussions sur le taux de participation à la prochaine élection fédérale? « Difficile à dire, répond M. Zussman. Lorsque les électeurs sont insatisfaits, ils ont tendance à voter contre le parti au pouvoir. Mais quand ils sont satisfaits, cela ne veut pas dire qu’ils récompensent celui-ci automatiquement. Cela veut simplement dire qu’ils vont prendre en considération des questions qui ne sont pas d’ordre économique avant de voter. »