Marlene Orton
Joseph Khoury a le don de rendre les mathématiques plus terre à terre. En assignant à l’algèbre linéaire des applications concrètes, de la génétique à la sociologie, il la rend plus vivante : ses étudiants, ceux qui ont de la difficulté à saisir l’importance de longues équations défilant sur le tableau, lui en sont reconnaissants.
« Ce qui est fondamental, c’est de trouver le moyen d’enseigner les mathématiques de façon à stimuler les étudiants », dit M. Khoury, à qui ses pairs ont décerné le Prix du professeur à temps partiel de l’année 2003 à l’Université d’Ottawa.
« Le défi, c’est d’essayer de toujours donner un sens à tout ce que nous faisons, ajoute-t-il. Même la théorie la plus rébarbative a une dimension qui s’applique à la vie réelle. »
Professeur à temps partiel depuis 2001, Joseph Khoury enseigne à l’Université depuis 1996, alors qu’il amorçait ses études de doctorat en mathématiques. Il a toujours aimé les maths et se tourne vers les équations mathématiques comme clé pour résoudre les mystères de l’univers. Dès l’âge de 15 ans, à l’école secondaire, il s’était attaqué à un projet de longue durée qui, au moyen d’équations différentielles, expliquait l’orbite elliptique des planètes autour du soleil.
« J’étais fasciné par l’ampleur de la théorie qui sous-tendait tout cela, et la puissance sous-jacente », se souvient-il aujourd’hui. Il a tenté d’étudier en génie, mais a changé de cap après seulement six mois : il dit, avec le sourire, que ce domaine des sciences est bien trop concret pour lui et pas assez exigeant.
Le professeur Khoury, qui dirige aussi le Centre d’aide en mathématiques, tire énormément de satisfaction à l’idée qu’il a réussi à atteindre les étudiants et que la classe a bien compris la matière enseignée. Cette année, puisqu’il enseigne des cours de première année, il jouit du fait de n’avoir que 50 étudiants par classe au lieu de 250.
« La première année est la plus difficile, dit-il. Je dois les atteindre à leur niveau et je ne peux vraiment pas tenir pour acquis qu’ils ont compris ce dont je parle. »
Afin de faciliter la vie des étudiants, le professeur Khoury codirige, avec le professeur Barry Jessup, un site Web intitulé « Linear Algebra Close to Earth » (l’algèbre linéaire terre à terre). Le professeur Jessup a obtenu cette année un Prix d’excellence en éducation de l’Université d’Ottawa.
Le site Web a d’ailleurs été conçu par ce dernier avec l’aide financière fournie par le prix. Le site fait la démonstration visuelle des objectifs que visent les deux profs : expliquer aux étudiants le rapport entre le sujet d’études et la « vraie vie »). M. Khoury est d’avis que sans ce lien primordial, la motivation des étudiants est difficile à maintenir. Et les effets sont particulièrement évidents en première année d’algèbre linéaire.
Le site présente les mêmes applications à la réalité – de l’étude de la circulation routière à celle des phénomènes météorologiques B dont parle le professeur Khoury en classe. « Pour les étudiants de première année, faire la preuve pose toujours un problème », dit-il. « Ils voient le résultat, ils essaient de comprendre ce résultat, mais c’est difficile pour eux d’en faire la preuve. Lorsque j’écris un théorème, je donne toujours un exemple de son application dans la réalité. C’est très utile pour les étudiants de voir la pertinence de la démonstration, de comprendre comment ils peuvent s’en servir, d’en saisir la puissance. »
Linear Algebra Close to Earth (site Web en anglais seulement)
Centre de dépannage en mathématiques
Math centre helps students overcome major hurdles (article en anglais seulement)