Échos du campusÉCHOS DU CAMPUS

La criminologie à la rencontre de la littérature

Frigon-Brouillette

L’écrivaine Chrystine Brouillet (à droite) a animé un cours de maîtrise en criminologie, « Genre, enfermement et criminologie », de la professeure Sylvie Frigon (à gauche) en septembre 2005.

Rouge secret, le dixième polar (2005) de l’auteure québécoise Chrystine Brouillet, dépeint l’univers des prisons pour femmes. Dans le contexte des années 60 et 70 au Québec, le personnage d’Irène, une jeune femme coincée par la vie, évolue entre les murs de la prison Tanguay tout en s’accrochant à sa passion pour la peinture.

Pour l’aider à saisir certains faits sur le milieu carcéral au féminin, Chrystine Brouillet a eu recours à l’expertise de Sylvie Frigon, directrice du Département de criminologie de l’Université d’Ottawa et auteure de plusieurs ouvrages sur les femmes, le crime et la justice pénale. Les deux écrivaines ont fait connaissance lors du Salon du livre de Montréal où elles présentaient toutes les deux un livre.

« Les romans de Chrystine Brouillet démystifient des sujets difficiles à saisir, comme la pédophilie, le viol et le meurtre, sans avoir recours à la pédagogie. Les artistes apportent un autre regard sur le milieu du crime. La littérature permet de traduire le contexte avec des images, des sons et des mots qui donnent accès à un auditoire plus vaste », explique la criminologue.

« Et le roman ne freine pas l’émotion », renchérit Chrystine Brouillet. « Le roman a le pouvoir de désorganiser les émotions et de s’en servir pour explorer un milieu comme celui d’une prison pour femmes. »

Bien que l’écrivaine réfléchisse beaucoup au moment qui peut faire basculer une vie vers l’univers du crime, elle s’intéresse aussi au côté technique des enquêtes et au milieu des prisons. Elle se documente toujours avant de faire appel à des intervenants comme la professeure Frigon qui lui permettent de faire concorder le plus possible la fiction et la réalité. « Il importe que l’intrigue, le déroulement des faits et le contexte du roman soient vraisemblables. Les lecteurs doivent y croire pour se laisser prendre par l’intrigue. »

« Ce roman nous met en contact avec l’univers carcéral et aide à comprendre ce que peuvent penser les femmes en prison », soutient Sylvie Frigon. « Cette histoire donne aussi une voix à Irène qui témoigne de sa place et de celle de bien d’autres dans notre société. »