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Des résultats concrets plutôt que des chiffres

Susan Hickman

« Si vous avez besoin d’un médecin, vous feriez mieux d’appeler un taxi. » Eileen Dooley, vice-présidente des services communautaires à Centraide, a le sourire aux lèvres en disant cela, mais elle devient tout à coup très sérieuse lorsqu’elle ajoute que 420 médecins immigrants formés à l’étranger conduisent des taxis dans la région de la capitale nationale.

« C’est une tragédie économique aussi bien qu’humanitaire », continue Mme Dooley. Et Centraide a bien l’intention de faire tomber cette barrière et d’autres obstacles qui se dressent devant les nouveaux immigrants. Voilà le message que l’organisme veut transmettre à ses donateurs potentiels.

« Centraide est en période de transition », nous dit Mme Dooley. « Nous avions l’habitude de financer les organismes membres et ceux avec lesquels nous avions tissé des liens au fil des ans. Ce que nous recherchons maintenant, ce sont plutôt des projets qui donneront des résultats concrets dans la collectivité. »

« Nous voulons nous assurer que les initiatives auxquelles nous nous associons contribuent à changer des vies. »

L’une de ces initiatives dans la région d’Ottawa est le Projet des professionnels de formation internationale qui a pour but de s’assurer que les Canadiens immigrants qui ont acquis une formation et de l’expérience à l’étranger puissent contribuer à la mesure de leur potentiel au marché du travail.

« Nous avons déterminé les barrières, nous dit Mme Dooley, qu’elles soient linguistiques ou qu’il s’agisse de savoir à qui s’adresser, et nous travaillons à mettre sur pied un conseil du leadership qui réunirait les employeurs de la région et les décideurs clés capables d’aider les travailleurs étrangers qualifiés à trouver un emploi dans leur domaine. »

Cette approche s’inscrit dans la nouvelle stratégie de Centraide qui veut rassembler les gens pour trouver des solutions aux problèmes pressants qui assaillent la collectivité.

« Cela représente un tournant décisif pour nous », souligne Mme Dooley, qui explique également que les attentes des donateurs ont changé. Ceux-ci veulent savoir comment les dollars qu’ils versent à Centraide contribueront à changer des vies.

« D’un autre côté, nous sommes inondés par les demandes de subventions. Il est donc d’autant plus important d’investir les dollars des donateurs là où ils sont le plus nécessaires et où ils feront le plus de bien. »

Une partie des fonds va, par exemple, aux clubs de devoirs, parce qu’ils peuvent aider à contrer le décrochage scolaire, ou au service « les bons compagnons » qui permettent aux personnes âgées de maintenir leur indépendance un peu plus longtemps.

Centraide a pris soin d’étudier l’environnement régional en tenant des consultations auprès de la collectivité et en examinant les données tirées du dernier recensement de Statistique Canada, réalisé en 2001.

« Nous savons que la population vieillit », ajoute Mme Dooley. Présentement, une personne sur 12 est une personne âgée, mais dans 15 ans, ce sera une personne sur six. Les 20 p. 100 d’immigrants et d’immigrantes et de Canadiens et Canadiennes nouvellement reçus doublera d’ici 2015. À Ottawa, le fossé se creuse entre les bien nantis et les moins bien nantis. Le quart des enfants de la région vivent sous le seuil de la pauvreté. Et quelque 15 000 personnes sont sur une liste d’attente de cinq à huit ans pour obtenir un logement à loyer modique.

« Nous avons commencé à évaluer tous ces changements et à adapter notre approche, sans diminuer notre engagement. Maintenant, souligne Mme Dooley, nous cherchons à investir dans des projets qui donnent des résultats concrets. »