Jean-Guy Bruneau
En un mot, il s’agirait de faire le pont entre le phénomène littéraire et les différents métiers reliés aux médias.
C’est précisément l’objectif d’un nouveau cours intitulé Journalisme et littérature présenté par le professeur Daniel Castillo Durante, du Département des lettres françaises. « Si les médias nous indiquent “à quoi penser”, estime le professeur Castillo Durante, la conscience littéraire pourrait, de par sa force d’introspection, permettre de mieux poser les problèmes éthiques de la communication, c’est-à-dire du “comment penser” ». En arrimant ainsi l’information à la chose littéraire, on met davantage l’accent, selon lui, sur la qualité du message de la communication.
De plus en plus, on s’attendra à ce que les diplômés en lettres françaises, qui désirent se tailler une carrière dans le vaste champ des communications, puissent maîtriser les techniques leur permettant justement de communiquer directement et de façon efficace avec plusieurs publics différents. « Il ne suffit pas de connaître les littératures, précise le professeur Castillo Durante, encore faut-il savoir les communiquer. »
Dans cette perspective, il ajoute : « On s’est dit qu’il serait utile et important de former des jeunes qui, tout en acquérant des connaissances pertinentes des pratiques culturelles de la littérature d’expression française, sachent aussi s’outiller et s’approprier les techniques des médias. »
L’idée n’est d’ailleurs pas totalement nouvelle. Ernest Hemingway y a déjà eu recours.
« Grâce au journalisme, il avait réussi à mettre au point une technique littéraire qui à certains égards dynamise et révolutionne la technique du roman », note le professeur.
De plus en plus de journalistes et chroniqueurs tirent aujourd’hui parti de l’interdisciplinarité du journalisme et de la littérature. M. Castillo Durante a d’ailleurs proposé à ses étudiants l’étude du roman Un dimanche à la piscine à Kigali écrit par le journaliste Gil Courtemanche du journal Le Devoir, lequel se penche sur le génocide au Rwanda. À cheval sur l’œuvre de fiction et le journalisme, ce roman donne l’occasion aux étudiants de se frotter aux techniques littéraires de même qu’aux techniques liées aux médias tout en les aidant à mieux saisir comment ce phénomène historico-politique a pu se produire dans ce pays d’Afrique.
Les notions d’éthique occupent d’ailleurs une place importante dans ce nouveau cours.
« Non pas que la littérature corrige la perspective journalistique, rappelle-t-il, mais leur synergie permet de mieux poser les problèmes éthiques. » Selon lui, l’espace littéraire en est un de lenteur. « Lire, ça veut dire prendre le temps de réfléchir, à l’opposé de la nouvelle qui est souvent consommée dans la précipitation et comme une marchandise. »
« En fin de compte, l’interdisciplinarité de la littérature et du journalisme pourrait améliorer notre regard sur le monde », conclut le professeur Castillo Durante.