Marie-Ève Thérien
En quoi les changements climatiques qui s’annoncent diffèrent-ils de ceux du passé? Peut-on faire une distinction entre les changements causés par l’humain et ceux qui résultent des variations climatiques naturelles?
Pour chercher réponse à ces questions et d’autres, une équipe de chercheurs de l’Université d’Ottawa tentera de reconstituer les variations climatiques des 12 000 dernières années. Le projet bénéficie d’une subvention de 265 000 dollars répartis sur trois ans de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère (FCSCA),
L’équipe de quatre chercheurs dirigée par Konrad Gajewski du Laboratoire de paléoclimatologie et climatologie s’envolera pour l’île Victoria dans l’archipel Arctique en mai prochain. Ils passeront trois semaines à prélever des sédiments de lacs arctiques.
(Photo gracieuseté de Konrad Gajewski) |
Après avoir installé leur camp, les chercheurs creuseront des trous dans la glace. « Il peut y avoir jusqu’à deux mètres de glace sur les lacs arctiques au début de l’été », explique le professeur Gajewski.
« Une fois le trou creusé, nous y insérons une carotte, c'est-à-dire une tige qui fait approximativement cinq centimètres de diamètre et un mètre de long. La carotte traverse la glace, ensuite l’eau, jusqu’à ce qu’elle touche le sédiment et s’y enfonce sous pression pour y recueillir des couches de sédiments. Nous obtenons ainsi des organismes qui témoignent des températures du passé. »
Un voyage de trois semaines permettra de rapporter deux ou trois carottes de sédiments. M. Gajewski se rend dans l’archipel Arctique une fois par année depuis 1990. Au cours des années, il a prélevé ce qui est probablement la plus importante collection au Canada de spécimens de sédiments de cette région.
Le professeur Gajewski explique qu’il faudra analyser entre 10 et 20 carottes pour avoir une bonne compréhension de la variation naturelle des changements climatiques du passé de cette région. Il s’agit d’une tâche colossale : « Il faut environ un ou deux ans pour analyser au microscope des sédiments d’une seule carotte », précise-t-il.
Le professeur Gajewski souhaite que ses travaux de recherche en milieu polaire servent au Canada et à la communauté scientifique internationale dans le cadre des discussions de la 4e Année polaire internationale en 2007-2008. « Il faut que la population se préoccupe davantage des régions polaires dont le sort influencera celui de la planète! », déclare-t-il.