Le clonage thérapeutique des embryons humains est, de nos jours, parmi les activités scientifiques les plus difficiles et les plus controversées au monde — et elle peut vous valoir jusqu’à 10 ans de prison si vous la pratiquez au Canada.
Ses commentaires font suite à l’annonce, plus tôt en février, selon laquelle la Grande-Bretagne avait accordé un permis pour un tel clonage aux chercheurs britanniques qui étudient présentement une maladie neuromusculaire complexe. Quoique ce permis exige que les embryons soient détruits au bout de deux jours, les résultats devraient fournir des renseignements sans précédent sur les mécanismes génétiques responsables de cette maladie chez les êtres humains.
« Il s’agit d’un problème scientifique très important et très intéressant, de connaître la façon dont le génome est reprogrammé chez les nouveaux embryons », déclare Rudnicki, notant que les embryons de souris servent habituellement dans ce genre d’expérience.
Lorsque nous commençons à chercher des applications thérapeutiques à nos connaissances génétiques, ajoute-t-il, il devient plus important de nous pencher sur des exemples humains spécifiques.
« Nous apprenons beaucoup de nos expériences avec les souris », explique Rudnicki, « mais il est urgent d’étudier le contexte humain. »
Au Canada, ce champ est couvert par la Loi sur la procréation assistée, qui restreint la recherche portant sur les embryons humains. Il n’est pas prévu que cette loi fédérale soit révisée avant trois ans après qu’ait été créée une agence de contrôle de la procréation assistée pour faire appliquer les termes de la loi. Pendant ce temps, Santé Canada doit encore annoncer la date à laquelle cette agence pourrait être créée.
Au mieux, par conséquent, nous devrons attendre jusqu’en 2008 avant que les règles puissent changer dans notre pays, afin de permettre aux Canadiens de mener le genre de recherches sur les embryons humains qui sont déjà en train de s’organiser en Grande-Bretagne et en Corée du Sud. Comme les progrès dans ce domaine se clarifient, Rudnicki soutient que les autre pays vont sans doute changer leurs règles, pour permettre à leurs communautés scientifiques respectives de faire de même.
« Ce sont ces connaissances que nous perdront bientôt », conclut-il. « Historiquement, le Canada a été un chef de file dans le domaine des cellules souches, mais ceci est l’exemple d’un domaine auquel nous ne pourrons participer. »