En sa qualité de neuroscientifique, Leonard Maler a consacré sa carrière à l’étude des champs électriques qu’utilisent certains poissons pour s’orienter dans leurs déplacements. M. Maler devient le septième professeur éminent de l’Université. Ce titre lui a été décerné après une évaluation de ses réalisations scientifiques par un comité de pairs et sur la base de sa réputation exceptionnelle dans son domaine de recherche. D’une durée de 10 ans, ce titre s’accompagne d’une subvention de recherche de 10 000 $.
M. Maler considère cet honneur comme une étape importante de son parcours personnel et une invitation à pousser ses travaux encore plus loin : « Après bientôt 30 années d’efforts et de nombreuses recherches concluantes, je suis heureux que l’on reconnaisse que j’ai fait du bon boulot. »
À vrai dire, c’est beaucoup mieux que du bon boulot! Intrigué par les étranges facultés du « poisson électrique », M. Maler a réalisé des analyses très pointues portant sur certaines questions absolument fondamentales du secteur de la neurobiologie.
Au départ, une interrogation toute simple en apparence : comment le cerveau parvient-il à bâtir une représentation cohérente du milieu extérieur à partir des signaux que lui fournissent les organes sensoriels, tels que les yeux ou la peau? Le milieu scientifique appelle ce mécanisme « codage sensoriel », un sujet qui a frappé l’imagination de M. Maler durant ses études supérieures. Peu de temps après, un hasard lui a fait découvrir l’apteronotus, un poisson capable de nager en eau trouble en s’orientant à l’aide d’un champ électrique. Comme il est possible d’isoler les variations de ce champ électrique et de les suivre à la trace, l’animal s’avérait un modèle très efficace pour étudier les mécanismes complexes du codage sensoriel.
Depuis l’arrivée de M. Maler à l’Université d’Ottawa en 1976, sa méthodologie a évolué au rythme de l’apparition des nouvelles technologies. À l’époque, il lui fallait un ordinateur central très coûteux pour exécuter les calculs complexes requis par l’évaluation des signaux sensoriels reçus et émis pendant les analyses. Aujourd’hui, grâce à Matlab, un logiciel PC d’usage courant, il lui suffit de quelques minutes pour transformer ses données en une représentation graphique.
« En 1972, je n’aurais jamais cru ces progrès possibles. Si vous m’aviez posé la question, j’aurais répondu que nous étions encore à des centaines d’années d’une telle possibilité », rappelle-t-il.
En fait, les calculs nécessaires pour interpréter les données fournies par la nouvelle génération de matériel de laboratoire constituent maintenant un rouage essentiel du travail de recherche de M. Maler. Celui-ci compte collaborer bientôt avec le physicien André Longtin de l’Université d’Ottawa à la fondation d’un centre de neurosciences informatiques sur le campus. Ce projet viendra enrichir l’éventail des cycles d’études supérieures par la fusion de la théorie mathématique et des neurosciences expérimentales.
L’intérêt de cette fusion est amplement démontré par le partenariat productif et amical des deux chercheurs, qui leur a permis de remporter, l’automne dernier, le Prix en recherche interdisciplinaire de l’Université.
« Il nous a suffi de plonger, et tout a marché comme sur des roulettes, explique M. Maler, évoquant l’origine de leur collaboration. Nous sommes tous les deux enthousiasmés par cette recherche. Nous adorons nos travaux. » Mais M. Maler tient à ajouter que malgré les progrès spectaculaires réalisés sur le plan des installations techniques et de la compréhension théorique, il ne faut jamais perdre de vue l’énormité de la tâche entreprise.
Les poissons électriques à la base d'une fructueuse collaboration