Daniel Drolet
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Le professeur Luc Dupont, du Département de communication, croit qu'il est aujourd'hui un meilleur enseignant parce qu'il a l'habitude de parler aux médias.
« J'ai toujours pensé qu'un bon professeur, c'était quelqu'un qui était capable en quelques minutes de résumer un problème apparemment plus complexe », dit-il, en ajoutant que « l'art d'aller à l'essence du problème « lui est souvent utile.
Son aisance avec les médias lui vaut cette année le Prix du recteur pour services rendus à l'Université par les relations médiatiques et communautaires. Il le partage avec le professeur Barry Wellar du Département de géographie. Ce prix annuel récompense des membres de la communauté universitaire qui ont partagé leurs connaissances et leurs compétences en collaborant étroitement avec les médias.
Le professeur Wellar trouve lui aussi avantageux de passer devant un micro : un seul reportage, dit-il, peut toucher en une journée plus de gens qu'un journal spécialisé peut en joindre en une année.
Il ajoute qu'il est souvent agréablement surpris par les réactions du public à ses idées : les commentaires qu'il reçoit sont souvent utiles et pertinents.
Et il est tellement convaincu de la nécessité pour les universitaires de savoir communiquer avec les journalistes qu'il a souvent accordé de meilleures notes à ses étudiants qui ont réussi à faire parler d'eux dans les médias.
Les étudiants, dit-il, n'ont pas seulement intérêt à savoir parler à leurs professeurs; ils doivent savoir communiquer avec les gens ordinaires. De toute façon, dit-il, « c'est monsieur et madame tout-le-monde qui paient nos salaires. Ils ont le droit de savoir ce qu'on fait. »
Les journalistes, quant à eux, sont reconnaissants quand ils tombent sur un professeur qui sait comment leur parler.
« La chose qu'on recherche quand on essaie de produire un reportage, c'est la clarté et la faculté d'exprimer des choses qui sont un peu complexes de façon à les rendre accessibles au plus grand nombre », dit Stéphane Leclerc, chef de pupitre à la radio de Radio-Canada.
Selon M. Leclerc, il s'établit souvent un rapport à long terme entre un journaliste et un professeur qui sait s'exprimer. Mais il voudrait que plus de professeurs apprennent à parler aux médias. Il y en a beaucoup, dit-il, qui font des choses intéressantes, et il voudrait avoir de leurs nouvelles.
Joanne Laucius, journaliste au Ottawa Citizen, croit que les professeurs d'université ont de moins en moins l'impression qu'ils passent pour des vantards quand ils parlent aux médias.
Les professeurs reconnaissent aussi qu'ils ont plus de chances d'obtenir des fonds pour financer leurs travaux de recherche s'ils sont bien connus du public.
Luc Dupont est lui aussi d'avis que la visibilité des professeurs est importante pour l'Université, parce que c'est la preuve qu'un professeur peut non seulement enseigner, mais aussi vulgariser.
Lorsqu'il est arrivé à l'Université d'Ottawa il y a quelques années, M. Dupont a senti d'entrée de jeu que le contact avec les médias était valorisé. « Je pense que ça facilite beaucoup le travail du professeur quand on sent qu'on est encouragé dans cette démarche-là », dit-il. « Ce n'est pas le propre de toutes les universités d'encourager les professeurs à échanger avec les médias. »