Michael Sawada fait parfois visiter à des étudiants ou à d'autres invités les plus récents laboratoires de l'Université remplis de puissants ordinateurs sur lesquels des chercheurs explorent des concepts géographiques sophistiqués. Il aime alors signaler que ce champ de recherche en pleine expansion a été inauguré et baptisé ici même à Ottawa.
« Vous vous trouvez à l'endroit même où sont nés les systèmes d'information géographique (SIG) », déclare le professeur adjoint en géographie, rappelant le travail de pionnier accompli à la fin des années 1960 et durant les années 1970 par le ministère fédéral de l'Énergie, des Mines et des Ressources, maintenant nommé Ministère des Ressources naturelles du Canada.
À l'époque, les ordinateurs commençaient tout juste à attirer l'attention des géographes qui abordaient alors l'utilisation à grande échelle des méthodes statistiques et quantitatives. Ils se tournèrent vers cette nouvelle technologie lors de la mise sur pied d'un projet de grande envergure appelé l'Inventaire des terres du Canada qui a répertorié les caractéristiques physiques et économiques de quelque 2,7 millions de kilomètres carrés dans le pays.
Combinant les termes « géographie » et « informatique », ils donnèrent à leur approche le nom de « géomatique ». Les SIG, qui permettent d'appliquer les concepts et les capacités de la géomatique à n'importe quelle donnée spatiale, constituent la plus vaste composante de cette science.
Grâce à la croissance fantastique de la puissance informatique et à son utilisation de plus en plus généralisée depuis les années 1980, grâce aussi à l'apparition d'Internet dans les années 1990, les applications potentielles de la géomatique et des SIG semblent illimitées. Adopté avec enthousiasme par les scientifiques, les gouvernements et les chefs d'entreprises du monde entier, ce type de travail génère actuellement des activités qui s'évaluent à quelque 67 milliards de dollars chaque année.
Les services de polices, par exemple, utilisent les SIG pour repérer les endroits où les crimes sont plus fréquents afin d'affecter plus efficacement les agents patrouilleurs. Les Services de protection de l'Université se servent de SIG à peu près de la même manière (voir Gazette du 13 janvier 2004). Les multinationales de la vente au détail comme Sears Roebuck Co., Blockbuster Video, Mailboxes Etc. et la Société canadienne des postes, entre autres, choisissent l'emplacement de leurs magasins à partir d'études géomatiques extensives, en tenant compte de facteurs tels que le profil de la clientèle prévue et le niveau de revenu de la population locale. Les gestionnaires forestiers ont aussi recours à tels moyens pour contrôler les incendies, les parasites ou les effets de l'exploitation forestière dans une région donnée.
« La géomatique a été inventée par les géographes; c'est un domaine où les géographes sont en majorité et c'est aussi le secteur d'activité qui est le plus monnayable pour eux », dit M. Sawada.
Elle définit aussi le centre qu'a fondé et que gère M. Sawada, le Laboratoire de géomatique et de sciences des systèmes d'information géographique appliquées (LAGGISS) qui vient tout juste d'ouvrir. Cette entreprise de 500 000$, financée par une subvention de la Fondation canadienne pour l'innovation et du Fonds ontarien pour l'innovation, sera au cœur de la recherche universitaire sur une multitude de sujets, dont la modélisation des climats anciens, les télécommunications, la santé publique, l'archéologie, la planification de l'agriculture et la prolifération des espèces envahissantes.
Le laboratoire fera aussi partie des nombreux sites ouverts au public lors de la journée du SIG de l'Université le 17 novembre. Les étudiants des écoles secondaires de la région sont invités à cette activité annuelle qui comprendra des expositions dans le Centre universitaire et qui leur offrira l'occasion de discuter avec des représentants de l'industrie des carrières en géomatique.
Laboratoire pour la géomatique appliquée et la science des SIG