Elle a fait le saut d'une petite ville en Alberta jusqu'à l'arène la plus importante dans le domaine du sport.
Elle reviendra peut-être couronnée d'or.
Mais quand Sherraine MacKay (née Schalm) contemple le chemin qui l'a menée au sommet du monde de l'escrime, elle n'hésite pas un instant à souligner que ses années à Ottawa - et en particulier sa participation à l'équipe d'escrime Excalibur de l'Université d'Ottawa - ont constitué une étape importante de son périple.
« J'ai eu l'énorme privilège d'avoir été initiée au monde de l'escrime par les entraîneurs du club Excalibur », a dit Mme MacKay, qui a 29 ans et qui a fait ses débuts sur la scène olympique il y quatre ans à Sydney (elle a terminé 17e à l'épreuve d'épée chez les femmes). « Manuel Guittet, Paul ApSimon et tous ces hommes et femmes de l'Université d'Ottawa ont tellement contribué à mon développement comme athlète olympique. »
Bien que ses racines à l'escrime s'étendent jusqu'à sa ville natale de Brooks, en Alberta, ce fut sa décision de déménager à Ottawa pour travailler auprès de Manuel Guittet qui lui a vraiment donné son envol. Elle n'a pas tardé à remporter des championnats à l'échelle provinciale et nationale, et à se faire connaître sur la scène internationale.
Armée de 13 médailles de la Coupe du monde - dont cinq médailles d'or -, Sherraine MacKay s'impose au sein de l'élite de l'escrime, et a même été classée 2e au monde.
Tout cela fait de cette Canadienne une athlète à suivre à Athènes, même si elle tente d'atténuer toute idée de médaille.
« Si je pense au podium, je ne peux me concentrer sur la personne en face de moi qui essaie de me toucher », dit-elle. « Je dois pouvoir penser objectivement à mon adversaire. »
Hors de la piste, Mme MacKay peut mettre à profit les compétences qu'elle a acquises lors de ses études spécialisées en littérature anglaise à l'Université d'Ottawa. Ses mots d'esprit sur la vie qu'elle menait à Paris en tant qu'athlète amateur (elle y habitait avec son mari Geordie en 2001 pour pouvoir s'entraîner aux côtés de l'élite mondiale) ont fait leur chemin jusqu'à la radio de la CBC : ses Lettres de Paris ont été très populaires auprès des auditeurs.
Sherraine admet que l'écriture « est l'une de mes passions », alimentée lors d'un cours de critique musicale qu'elle a suivi pendant sa dernière année à l'Université. Elle conserve en mémoire le mot d'encouragement du professeur Paul Merkley qui avait lu l'une de ses critiques en classe.
« Il m'a dit que c'était très bon et que je devrais songer à devenir écrivain », dit Mme MacKay. Mais elle s'est quand même posé la question : « Qui me connaît et qui me prendrait au sérieux? »
La réponse est venue assez rapidement : la maison d'édition Fitzhenry & Whiteside, de Toronto. Celle-ci a offert un contrat à Sherraine MacKay pour écrire un livre sur ses expériences qui devrait paraître à l'automne. L'enseignement aussi lui permet de subvenir à ses besoins. Ce ne fut pas facile d'obtenir son diplôme, puisque son programme d'études commençait au moment même de la tenue des Olympiques à Sydney.
« J'ai failli ne pas être acceptée lorsqu'on s'est rendu compte que je serais partie pendant un mois de cours », dit-elle. « Mais la Faculté d'éducation m'a permis de terminer mon programme cette année-là. Lorsque je suis déménagée en Europe, j'ai pu enseigner dans une école secondaire parisienne et donner des leçons particulières : c'est ainsi que j'ai pu survivre financièrement. »