Le mouvement vers la commercialisation détourne-t-il les universités de l’essence même de leur mission? Pas selon le recteur Gilles Patry qui présentait la conférence d’ouverture lors de la première séance de Smart City Summit 2004, grande exposition commerciale de technologies qui attire l’attention du monde des affaires et des gouvernements à l’échelle internationale.
La communication de M. Patry, intitulée « L’innovation au sein des universités et le mouvement vers la commercialisation », a abordé plusieurs éléments clés touchant la commercialisation des résultats de la recherche. « L’Université d’Ottawa est favorable à la mise en marché des idées sans pour autant porter atteinte à la recherche suscitée par la curiosité qui demeure la fondation même de toute commercialisation future », a expliqué M. Patry.
« La mise en marché permet aux universités, avec l’appui des gouvernements, d’assumer la responsabilité qui leur incombe de partager leurs découvertes avec la population canadienne. »
De fait, le récent budget fédéral comprend des initiatives en matière de dépenses pour la recherche universitaire, dont 90 millions de dollars de financement supplémentaire en faveur des trois conseils subventionnaires et 20 millions pour couvrir les coûts indirects de la recherche ainsi que les investissements dans la commercialisation. Le budget comprend aussi 50 millions de dollars sur cinq ans destinés à un fonds pilote dans le but d’améliorer les possibilités de commercialisation du secteur de l’enseignement supérieur.
Plusieurs professeurs et chercheurs s’inquiètent de cette tendance vers une plus forte commercialisation de la recherche universitaire, surtout dans les domaines des sciences humaines et sociales. Toutefois, M. Patry a souligné que la commercialisation des idées n’est pas la chasse gardée des sciences, de la technologie ou des sciences de la santé.
« Je ferai valoir, ajoute le recteur, qu’en sciences humaines et sociales, le fait de rédiger un livre, de le publier et de le mettre en marché constitue la commercialisation d’une propriété intellectuelle. »
Le recteur Patry, nommé dirigeant de l’année, secteur parapublic, par le Regroupement des gens d’affaires de la capitale nationale le 17 avril dernier, a également présenté des statistiques qui démontraient clairement que la commercialisation dans les universités canadiennes n’en était qu’à ses balbutiements en comparaison avec les universités américaines.
En pensant à l’avenir, M. Patry a donné un aperçu des mesures que prend l’Université pour mettre les idées sur le marché tout en harmonisant sa stratégie de commercialisation avec ses quatre axes de développement. Elle appuie les chercheurs et leur fournit les ressources nécessaires. Elle reconnaît et récompense les contributions des professeurs à l’innovation et cherche activement à créer des partenariats avec des entreprises et des gouvernements.
M. Patry a conclu en affirmant qu’il était crucial que l’Université tire profit des importantes retombées potentielles provenant des découvertes en milieu universitaire. Il a aussi insisté sur l’importance d’un triple partenariat réunissant le secteur gouvernemental, l’industrie et les universités où chacun est récompensé pour sa contribution.