Les équipes supervisées par Henri Major, Philippe St-Pierre et Mario Boileau ont vu à rétablir le courant et à gérer la consommation énergétique sur le campus à la suite de la panne. |
Daniel Morin
Le 14 août, à 16 h 15, le coeur du campus a arrêté de battre. C’est un peu en ces termes que Philippe St-Pierre, superviseur des systèmes électriques, décrit ce qui s’est passé lorsque l’Université a été touchée directement par la plus importante panne d’électricité de toute l’histoire de l’Ontario et du Nord-Est des États-Unis.
« La centrale fait battre le coeur du campus », affirme Henri Major, chef des opérations à la centrale thermique. Or, ce jour-là, sauf pour une pompe et une génératrice d’urgence, tout s’est arrêté à la centrale. Un silence de mort, entrecoupé de sonneries téléphoniques, a soudainement remplacé le bruit rythmé et assourdissant des machines qui assurent normalement le chauffage et la climatisation, de même que l’alimentation en électricité et en eau pour la plupart des édifices sur le campus. En 33 ans de service à l’Université, M. Major n’avait jamais rien vu de tel.
Certes, une situation catastrophique, mais qui devait donner lieu à plusieurs exemples de coopération et d’ingéniosité dans les heures et les jours qui ont suivi. Le directeur du Service des immeubles, Mario Bouchard, n’a pas manqué de le souligner dans une note de service qu’il a fait parvenir à son personnel : « La reprise rapide après la panne et la gestion de la consommation ont été rendues possibles grâce au très bon travail des équipes d’entretien et d’opération et aussi à la collaboration des usagers du campus. » Le recteur Gilles Patry a par ailleurs ajouté ses propres remerciements aux équipes des immeubles et de la protection pour leur « travail tout à fait extraordinaire ».
Plusieurs employés, dont Mario Boileau, superviseur des systèmes mécaniques, qui étaient en vacances au moment de la panne sont rentrés au travail. Dans certains cas, ils ont même offert leurs services sans qu’on les appelle, a précisé Philippe St-Pierre.
MM. Major, Boileau et St-Pierre profitent d’ailleurs de l’occasion pour remercier leurs équipes respectives.
L’intervention rapide des équipes a aussi empêché qu’il y ait des conséquences graves. Par exemple, les chambres froides à Roger-Guindon renfermaient de nombreux spécimens dont la perte aurait pu irrémédiablement compromettre les travaux de plusieurs chercheurs. Il fallait donc trouver du mazout pour assurer le fonctionnement de la génératrice d’urgence. Au besoin, on était prêt à prélever du carburant à même le réservoir de 180 000 litres, qui se trouve sur le campus et à l’envoyer à Roger-Guindon.
Si le courant est revenu quelques heures plus tard (vers 1 h 30, le vendredi), il fallait néanmoins composer avec toute une série d’opérations pour assurer la remise en marche harmonieuse des systèmes et des appareils. Il faut environ huit heures pour accomplir ces tâches, précise Mario Boileau.
Dans les jours qui ont suivi, les équipes de la centrale ont pu « compter sur une coopération extraordinaire » des gens sur le campus pour réduire la consommation d’énergie comme l’exigeait Hydro One. Pendant toute la semaine du 19 au 24 août, on a maintenu la consommation à environ 6 000 kilowatts-heure, alors qu’elle est normalement de plus de 9 000 kilowatts en période estivale.
Certaines solutions étaient à la fois ingénieuses et simples. On a ainsi coupé le courant des machines distributrices de boissons gazeuses. On a aussi assuré le refroidissement des édifices en purgeant l’air ambiant des édifices toutes les nuits et en le remplaçant par de l’air frais de l’extérieur. Malgré la canicule, ce procédé a permis de profiter de la fraîcheur de la nuit pour réduire la température dans les bureaux pendant une bonne partie de la journée.
On a aussi encouragé les employés à limiter l’utilisation des climatiseurs, ordinateurs, imprimantes, photocopieuses et autres appareils.
L’Université dispose aussi d’une génératrice fonctionnant au gaz naturel qui produit 600 kilowatts-heure. On a pu fournir un peu de climatisation grâce à un refroidisseur à vapeur de type plutôt inusité qui peut fonctionner avec un faible apport d’énergie électrique.
Il était important que l’Université reste ouverte cette semaine-là, rappelle M. Major, parce que c’était la période d’examens qui venait conclure la session d’été.
La panne s’est avérée « un bon exercice d’apprentissage pour l’Université », a précisé, pour sa part, Michael Histed, directeur du Service de l’environnement et de la santé-sécurité au travail. « Cela va nous permettre de passer en revue nos dispositifs d’intervention. »