Daniel Drolet
Les chercheurs universitaires vont-ils être à la remorque du monde des affaires et de ses valeurs? Mais, dans le cadre de leur mission sociale, les universités n’ont-elles pas le devoir de promouvoir l’innovation? Ces deux points de vue ont été au cœur d’une discussion qui se tenait dans le cadre de la 7e Conférence interdisciplinaire annuelle de la GSAÉD, le 19 février dernier.
Trois des cinq invités, chacun à leur façon,ont abordé la relation entre les universités à court de budgets d’une part, et l’entreprise privée de l’autre, en exprimant la crainte que les fonctions de base de la première soient menacées par les valeurs de la deuxième.
Marjorie Stone, professeure d’anglais et de l’étude des femmes à l’Université Dalhousie, a exprimé l’opinion que, trop souvent, les critères utilisés par les universités pour évaluer le succès sont liés à la production de biens et de services, et non à la vraie source de toute innovation : la créativité humaine. Mme Stone a été retenue à Halifax par le blizzard qui s’est abattu sur les Maritimes la semaine passée et ses propos ont été lus par Tanya Shaw, présidente de la conférence.
Selon M. Jim Turk, directeur exécutif de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, l’université ne devrait pas se soucier du potentiel commercial d’une recherche. D’ailleurs, les chercheurs ont souvent du mal à prédire quelle recherche va produire un bien ou un service susceptible d’être vendu à profit, a-t-il souligné.
Kristian Ewen, un candidat à la maîtrise au département de génie mécanique de l’Université d’Ottawa a fait valoir que, depuis la fin des années 40, la recherche scientifique est de plus en plus reliée, non pas au développement du savoir, mais à la mise en marché de biens – au point où les universités deviennent des machines à brevets.
Mais M. Tom Brzustowski, président du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a mis en garde les Canadiens contre le confort et l’indifférence. Il a dit que notre pays s’est trop longtemps fié à ses ressources naturelles, et non au développement de son savoir, pour bâtir sa richesse. Le Canada, a-t-il dit, doit suivre l’exemple des pays comme le Taiwan et développer sa richesse en développant son savoir.
« Dans cette optique, les universités sont peut-être la plus grande ressource qu’a le Canada pour assurer le maintien à l’avenir de sa prospérité et de sa qualité de vie, » a-t-il dit.
Mme Janet Halliwell, vice-président exécutive du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), a rappelé que l’innovation conduisant à l’enrichissement ne pousse pas dans le vide. « Cette innovation est intimement liée au développement de la créativité dans la société au grand complet. »
Ralph Nader parle du « bien public » (Article en anglais seulement)
L'exécutif de la GSAÉD adresse des remerciements à l'Université