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Shakespeare et la guerre : l’Université d’Ottawa accueille un colloque international sans précédent

 
   
Sean Rushton

Que peut offrir le théâtre aux gens qui subissent les horreurs de la guerre? Des conférenciers en provenance de 15 pays examineront cette question dans le cadre d’un colloque international bilingue sur le dramaturge le plus traduit et le plus joué au monde : Shakespeare. L’événement, qui coïncidera avec le 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, s’intitule Shakespeare en temps de guerre et se déroulera à l’Université d’Ottawa et au Musée canadien de la guerre du 18 au 20 septembre 2009.

La question s’impose : pourquoi Shakespeare? Et quel est le rapport avec la Seconde Guerre mondiale?

« En temps de conflit, les populations déchirées par la guerre se tournent souvent vers Shakespeare pour se divertir, se nourrir intellectuellement et avoir le sentiment de vivre une expérience collective », affirme Irena Makaryk, vice-doyenne de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université et présidente du comité organisateur du colloque. « La Seconde Guerre mondiale s’est déroulée sur tous les continents sauf l’Antarctique. Cette expérience qui a marqué presque chaque culture sur la planète offre un cadre unique pour analyser et explorer le rôle et la signification de Shakespeare en temps de grande épreuve sociale », poursuit-elle.

Le rôle du théâtre durant la Seconde Guerre mondiale n’a encore jamais été documenté ni analysé en profondeur. On sait pourtant que, dès le début des hostilités, les représentations théâtrales ont beaucoup contribué à l’effort de guerre. En 1939, Shakespeare ne jouissait pas d’une grande popularité, mais à la fin de la guerre, il était devenu une force culturelle dominante, suscitant une montée en puissance de la recherche, des sociétés savantes et des festivals.

« Les bouleversements sociaux et politiques causés par la guerre, le nombre de victimes, le refaçonnement des frontières, les mouvements massifs de réfugiés et l’holocauste, événement central de la période, ont transformé nos valeurs culturelles, nos paradigmes et nos mœurs », explique la professeure Makaryk, dont les parents ont eux-mêmes subi, et finalement fui, la guerre. « De façon plus précise, la guerre a changé notre réaction à Shakespeare comme auteur “universel” possédant une grande autorité culturelle. »

Étant donné l’inquiétude actuelle entourant l’imposition des valeurs occidentales (que Shakespeare aborde, selon certains) sur les cultures d’autres pays comme l’Afghanistan, Makaryk croit que le colloque offrira des discussions très opportunes et nécessaires sur le rôle des classiques dans la définition de nous-mêmes, de nos valeurs et de nos loyautés.
Le colloque rassemblera des spécialistes de Shakespeare de partout dans le monde et plusieurs invités spéciaux. Le recteur Allan Rock prononcera le discours d’ouverture, et le haut-commissaire au Royaume-Uni, sir Anthony Cary, prendra la parole au banquet sur la colline du Parlement, parrainé par le député David McGuinty.

Le dernier jour pour s’inscrire au banquet est le 30 août 2009. Les demandes d’information sur le colloque peuvent être adressées à Marissa McHugh, adjointe de la coordonnatrice, à mmchu029@uOttawa.ca. Pour de plus amples renseignements sur le colloque, rendez-vous à www.wartimeshakespeare.uOttawa.ca.

Être ou ne pas être : dévoilement d’un portrait
Le colloque sera aussi le moment de dévoiler un portrait de Shakespeare dont le propriétaire, un résident d’Ottawa nommé Lloyd Sullivan, est non seulement un lointain parent du peintre, John Sanders, mais aussi de Shakespeare lui-même. Il s’agira du premier dévoilement officiel du portrait à Ottawa et dans un musée national.