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Jeremy Kerr
Professeur agrégé de biologie, Département de biologie
Quelle est votre plus importante fonction à l’Université et pourquoi?
Faire des découvertes qui influeront sur l’élaboration des politiques publiques. Certains des pires sous-produits du développement rapide de nos sociétés sont irréversibles. Par exemple, le taux actuel d’extinction est environ 1000 fois supérieur au taux naturel. Puisqu’il est impossible de corriger ce genre de problèmes, nous devons trouver des façons de prévenir la disparition de certaines espèces.
Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans votre travail?
J’ai la conviction de pouvoir faire une différence. Une différence qui pourrait inspirer un étudiant ou fournir un point de vue constructif sur un enjeu général de politique publique, tel que l’élaboration d’une nouvelle loi sur les espèces en voie de disparition en Ontario.
Comment en êtes-vous arrivé à définir votre domaine de recherche?
J’en suis venu à concentrer mes recherches dans le domaine de la biologie des changements globaux lorsque je me suis rendu compte que peu de scientifiques au Canada se prononcent de façon claire et sans équivoque sur la nécessité de préserver notre diversité biologique et d’élaborer des stratégies dans le but d’atteindre ce but fondamental.
Quel est le moment de votre vie dont vous êtes le plus fier?
Je suis fier, entre autres, d’avoir aidé à diriger une initiative stratégique des scientifiques de quatre coins de la province en faveur de l’établissement d’une loi sur les espèces en voie de disparition dans la province de l’Ontario – où l’on retrouve la majorité des espèces en voie de disparition au Canada. Près de 200 scientifiques provenant d’universités et d’organismes de recherche de toutes les régions de la province ont signé notre lettre.
Si vous en aviez le pouvoir, que changeriez-vous dans le monde aujourd’hui?
Je changerais nos habitudes de consommation totalement déraisonnables qui sont bien sûr contraires aux principes du développement durable. Avez-vous réellement besoin d’un deuxième VUS?
Quelle personne a exercé la plus forte influence dans votre vie? Pourquoi?
Il s’agit probablement du biologiste Paul Ehrlich, qui a fondé le Center for Conservation Biology à l’Université Stanford. Il a fourni un grand nombre de pistes de recherche qui ont mené à la création de la science que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de biologie de la conservation en combinant les résultats de solides travaux sur le terrain en écologie et un point de vue éclairé sur de plus vastes enjeux.
Qu’est-ce que vos collègues seraient surpris d’apprendre à votre sujet?
Que je peux parfois faire preuve de patience, particulièrement lorsque je prépare des plats de cuisine indienne, comme le poulet tikka masala, dont la préparation prend deux jours. Je n’ai toutefois AUCUNE patience en ce qui concerne la conservation puisque chaque délai se traduit par une perte irréversible. Lorsqu’une espèce disparaît, c’est pour toujours.
Quel est votre passe-temps préféré?
La course en sentier.
Vous venez tout juste de gagner 1 million de dollars. Que faites-vous?
J’aménagerais un très grand jardin propice aux pollinisateurs, plutôt que d’utiliser simplement du paillis. Ou j’engagerais quelqu’un pour le faire à ma place.
Quelle est votre plus grande qualité?
Je prends un grand soin à bien faire les choses par des contributions scientifiques rigoureuses et importantes. C’est la plus grande qualité à laquelle j’aspire.
Si vous pouviez inviter cinq personnes (vivantes ou décédées) à souper, qui choisiriez-vous? Pourquoi?
Darwin, Einstein, Hu Jintao, Manmohan Singh et mon épouse Laura. Darwin est probablement le plus inspirant biologiste de l’histoire, puisqu’il a d’une part examiné attentivement le fonctionnement du monde naturel et d’autre part proposé des théories qui ont restructuré la civilisation humaine. Einstein est un scientifique tout aussi accompli mais dans le domaine de la physique. Ces deux hommes devraient être en mesure de convaincre les chefs d’État de la Chine et de l’Inde (où l’on retrouve environ 40 pour cent de la population mondiale) de la nécessité d’élaborer des politiques qui tiennent compte des réalités biophysiques de la vie sur la Terre, une leçon dure mais nécessaire que peu de gens semblent avoir tirée. Finalement, il serait insensé de ma part d’organiser un souper sans Laura, qui est beaucoup plus compétente que moi à presque tous les égards et aurait probablement une meilleure idée de la façon de mener une discussion avec des invités aussi incroyablement intimidants.
Quel est votre plus grand espoir pour l’avenir?
J’espère que nous n’allons pas nous entretuer ni exterminer un trop grand nombre d’espères avant de comprendre qu’à titre de société, nous NE POUVONS PAS nous comporter comme des psychopathes. Autrement dit, nous devons évoluer pour envisager des enjeux beaucoup plus importants que nos propres petits intérêts. Il s’agit d’un espoir fractal qui s’applique aux individus, aux collectivités, aux entités politiques et aux groupes économiques au sein de la société.
Quel est le secret le mieux gardé dans votre faculté, département ou service?
Chez la majorité des professeurs, il n’y a pas d’attrapes. Nous sommes généralement assez gentils, faisons preuve d’un sens éthique, d’entraide et d’empathie – un peu comme les gens d’autres milieux. Il n’y a pas de tour d’ivoire. Ou s’il y en a une, j’aimerais bien avoir les clés.