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Les Métis de l’Ontario : une histoire à découvrir

  Brad Morse
   
Sylviane Duval

À la question « D’où viennent les Métis? », on répond trop souvent, même chez les Métis eux mêmes, « de Red River », « des Prairies » ou « du Manitoba ». Or, en réalité, les Métis prennent leurs origines à l’est de ces régions. Nous ne connaissons pas grand-chose de l’histoire des Métis de l’Ontario car, à l’opposé de ceux de l’Ouest, ils n’ont pas un passé peuplé d’événements reluisants comme la bataille de Batoche et de personnages marquants comme Louis Riel ou Gabriel Dumont.

Un défi de taille attend la personne qui se verra confier la nouvelle Chaire en études métisses à l’Université d’Ottawa. Elle devra faire valoir l’histoire, la culture et les expériences des Métis de l’Ontario. On n’attendra pas d’elle qu’elle produise un obscur ouvrage susceptible d’être relégué aux oubliettes, loin de là. Elle devra mener une recherche inédite qui pourra capter l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes, enrichir la formation des étudiants et des chercheurs, et agir comme catalyseur pour constituer un réseau d’intéressés aux études métisses.

Beaucoup d’entre nous savent que les Métis s’inquiètent de ne pouvoir préserver leur langue. Dans l’Ouest du Canada, la langue métisse se compose surtout de cri, de français et de gaélique. En Ontario, par contre, c’est un mélange d’ojibway et de vieux français. Sans livres comme des dictionnaires, sans enregistrements audio de la langue, et après le départ des aînés — les seuls à parler encore la langue —, il n’existera bientôt plus aucun moyen de communiquer le trésor linguistique des Métis aux générations futures.

Selon le professeur Bradford Morse, de la Section de common law de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa (qui accueillera la Chaire en études métisses), la personne choisie pour occuper le poste aura fort à faire. M. Morse souligne que seulement 49 professeurs de l’Université s’intéressent aux questions autochtones ou ont de l’expertise en la matière. Et quatre d’entre eux seulement disent avoir les Métis comme un de leurs champs de recherche. Parmi les cours offerts à l’Université l’année dernière, aucun n’est axé à proprement parler sur les Métis. Les quelques notions touchant ce peuple sont plutôt noyées dans des cours généraux sur les questions autochtones ou indigènes.

Le professeur Morse fait partie du comité interne qui recommandera une candidature au jury de sélection du Conseil des universités de l’Ontario, auquel siège également le président de la Métis Nation of Ontario. Le comité espère pouvoir recommander, idéalement, un ou une universitaire émérite de souche métisse habitant l’Ontario et dont l’expertise toucherait la langue, l’histoire, la médecine ou un autre aspect de la culture métisse ontarienne. Cette personne serait aussi un orateur dynamique et un mentor, et elle saurait attirer des fonds pour des bourses, recruter des étudiants, encourager la création et le développement de programmes, et favoriser les relations non seulement entre la Métis Nation of Ontario et l’Université, mais aussi entre les Métis eux-mêmes .

« Le fait que nous n’ayons pas encore trouvé un tel expert démontre bien l’importance de créer une chaire consacrée au peuple métis, affirme M. Morse. La Chaire permettra de constituer un réseau de spécialistes sur les questions métisses. »

Le nouveau ou la nouvelle titulaire de la Chaire devrait entrer en fonction au début de l'année universitaire 2009 2010.