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Deux retraitées sur le chemin de Compostelle

  Santiago de Compostela
   
Jacqueline Bossé-Andrieu

Elles mettent péniblement un pied devant l’autre huit heures par jour, beau temps, mauvais temps. Elles, ce sont Arlette Henry et Michèle Dextras, deux nouvelles retraitées de l’Université d’Ottawa. Comme des milliers de pèlerins depuis dix siècles, elles ont pris le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pour parcourir, en près de trois mois, 1600 kilomètres à pied. Elles ont quitté le Puy-en-Velay, au centre de la France, le 19 avril dernier et sont arrivées le 30 juin à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne. C’est à cet endroit que fut découvert au IXe siècle, grâce, dit-on, à une étoile (compostelle signifiant, selon certains, « champ de l’étoile »), le tombeau de saint Jacques, l’un des douze apôtres de Jésus.

Pour se préparer à ce périple, Arlette et Michèle ont non seulement appris l’espagnol, mais aussi parcouru progressivement dix, vingt, trente kilomètres par jour dans les rues d’Ottawa, chargées d’un sac à dos de 18 livres.

Parties euphoriques du Puy-en-Velay, elles ont pris allègrement le chemin de Saint-Jacques, admirant au passage champs de blé, orchidées roses dans les arbres, églises du XIe siècle, poneys (pas aussi gentils qu’elles l’auraient cru, et qui mordent) et se souciant peu de coucher dans des dortoirs ou de partager les douches avec une dizaine de personnes des deux sexes. Elles ont rencontré sur leur route d’autres pèlerins fort sympathiques, venus des quatre coins du monde, avec qui elles se sont liées d’amitié. À en croire leur blogue, elles reviendront riches d’une multitude d’anecdotes savoureuses.

Après quelques semaines toutefois, leur « moyen de locomotion » a connu des ratés. Arlette a subi des problèmes musculaires aux orteils qui se contractent après une heure de marche et Michèle s’est bêtement cassé un orteil, un soir, dans un gîte. Sans compter leurs talons qui se sont aussi mis de la partie. C’est ainsi qu’avant même d’avoir franchi la frontière espagnole, chaque pas leur était douloureux. Arlette n’avait jamais imaginé avoir aussi mal. Cependant, mues par leur volonté, leur courage et surtout par leur détermination de venir en aide aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson*, elles sont arrivées clopin-clopant mais ravies au terme de leur voyage pour recevoir la compostela. Ce certificat rédigé en latin atteste que, pour venir se recueillir sur la tombe de saint Jacques, elles ont fait le pèlerinage à pied, sinon depuis la porte de leur maison comme il le faut en principe, du moins pendant les cent derniers kilomètres.

*Arlette et Michèle invitent tous leurs amis à faire un don à la Société Parkinson.

Description de la photo « Santiago » :  Récemment retraitées de l’Université d’Ottawa, Michèle Dextras et Arlette Henry suivent le chemin emprunté par les pèlerins depuis le Moyen-Âge. On les voit qui franchissent les montagnes du nord de l’Espagne en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.