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Un chercheur parcourt les barrières de glace en motoneige

Elizabeth Howell

  Luke Copland
   
Les motoneiges militaires sillonnent le Nord glacé chaque année, pour maintenir la souveraineté du Canada sur les terres et les îles éloignées près du pôle Nord.

Cette année, un nouveau groupe les suivra : Luke Copland de l’Université d’Ottawa dirigera pendant deux semaines, en avril, une expédition scientifique qui ira examiner les barrières de glace de l’île d’Ellesmere, dans le cadre de l’Année polaire internationale. Ce partenariat unique avec les Forces armées canadiennes permettra à l’équipe scientifique d’atteindre des régions normalement inacessibles.

« Cette région est extrêmement difficile d’accès, parce qu’elle est tellement éloignée, et loin de toute ville ou aérodrome conventionnel. Nous sommes reconnaissants aux autorités militaires d’avoir acquiescé à notre demande », explique M. Copland, professeur adjoint au Département de géographie.

« Les patrouilles ont pour but de surveiller le Nord et d’en revendiquer le territoire, mais de plus en plus, les militaires veulent comprendre les changements qui se produisent là-haut. Le réchauffement climatique fait fondre les barrières de glace, mais on ne saura pas à quelle vitesse à moins d’aller mesurer les changements sur place. »

Au total, 32 personnes, Rangers canadiens, militaires et scientifiques, quitteront la station météorologique éloignée d’Eureka, le 31 mars, pour explorer la côte nord de l’île d’Ellesmere. Ils seront soutenus par des douzaines de membres de la Force opérationnelle interarmées du nord , y compris une flotte d’avions Twin Otter munis de skis, du 440e escadron de transport basé à Yellowknife, T.N.-O.

La petite équipe du professeur Copland se déplacera jusqu’à la pointe nord-ouest de l’île d’Ellesmere, là où la glace s’est graduellement étendue à partir de la côte pour former des barrières de glace flottante sur l’océan.

Cette glace est là depuis au moins 3 000 ou 4 000 ans, mais au cours des derniers 100 ans, le réchauffement de l’eau et de l’air l’a fait fondre. Les barrières de glace couvraient 10 000 kilomètres carrés, il y a un siècle. Aujourd’hui, la glace restante n’a plus qu’un dixième de cette superficie.  

« Les étés ne sont que d’un ou deux degrés plus chauds qu’au siècle dernier, mais ce sont les hivers qui font une grande différence. Ils sont maintenant plus chauds de quatre ou cinq degrés. Ce qui signifie que la glace n’a plus le temps de s’accumuler pendant l’hiver, comme c’était le cas avant, nous dit M. Copland. C’est une raison importante derrière le recul des glaces. »

Le professeur Copland et son équipe prendront des mesures sur les cinq barrières de glace restantes dans cette région; une sixième barrière, appelée Ayles, s’est séparée en août 2005 pour former une nouvelle île de glace de la grandeur de Manhattan. Avec l’aide du Service canadien des glaces, le professeur Copland a réussi à installer un dispositif de télédétection par satellite sur cette île, l’été dernier. Il a pu ainsi constater que celle-ci a dérivé d’environ 500 km au sud-ouest du point d’où elle s’est séparée.

L’étude de tous ces changements fait partie de la motivation du professeur Copland pour voyager au Nord. « Voyager avec les Rangers, qui ont passé leur vie dans le Nord, nous permettra d’en apprendre beaucoup plus sur le territoire. Et nous pourrons faire des mesures là où la science n’a jamais pénétré auparavant. »