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Infirmières et infirmiers : une identité à redéfinir

Tim Lougheed

Les Prix d’excellence en éducation de l’Université d’Ottawa rendent hommage à des éducateurs et éducatrices exceptionnels, qui donnent un enseignement de qualité incomparable tout en poursuivant un solide programme de recherche. Un portrait de chacun des neuf récipiendaires de 2007 paraîtra dans la Gazette au cours des prochains mois.

  Dave Holmes
   

La définition la plus noble et la plus élégante des sciences infirmières consiste à dire qu’elles visent à aider les personnes trop malades pour prendre soin d’elles-mêmes. Toutefois, au quotidien, les infirmières et les infirmiers professionnels doivent accomplir des tâches aussi ingrates que le drainage de blessures ouvertes ou le vidage des bassins de lit.

Dave Holmes, professeur agrégé à l’École des sciences infirmières, s’empresse d’instruire ses étudiants concernant les aspects encore plus pénibles de leur travail : les politiques, parfois brutales, des établissements de services de santé.

« Les hôpitaux sont censés prendre soin des malades, mais se préoccupent assez peu du bien-être du personnel infirmier », dit-il, en donnant comme exemples les horaires chaotiques et les demandes incessantes d’heures de travail supplémentaires. En fait, il considère que la plupart des infirmières et infirmiers doivent lutter pour conserver leur autonomie et le contrôle de leur vie professionnelle, et que c’est ce combat qui détermine dans quelle mesure ils réussissent ou non à mener à bien leur tâche.

À vrai dire, ce n’est pas de cette façon que la majorité des gens envisagent une carrière en sciences infirmières; c’est pourquoi Dave Holmes éprouve le besoin de présenter à ses classes la situation de façon détaillée. Il sait que le reste du programme d’études sert à informer les étudiants concernant les exigences techniques de leur future profession; sa tâche à lui est de leur permettre d’envisager des défis professionnels encore plus fondamentaux.

« Je tente de leur montrer en quoi consistent les sciences infirmières dans la vraie vie, dit-il. Mon objectif est de les amener à réfléchir sur ce qu’ils font. Je veux qu’ils voient les malades et qu’ils adaptent et façonnent leur pratique en fonction de ce qu’ils voient. J’aimerais les amener à penser que les sciences infirmières font partie de la société, que les infirmières et les infirmiers doivent s’engager en faveur de la justice sociale et dans l’action politique. Je voudrais qu’ils puissent devenir des agents du changement. »

Son appel à l’éveil des consciences lui vaut la faveur des étudiants. Cette année, le professeur Holmes est un des lauréats du Prix d’excellence en éducation de l’Université d’Ottawa.

Le professeur Holmes ne craint pas de faire des observations susceptibles de susciter la controverse, comme, par exemple, lorsqu’il attire l’attention sur le cas de nouvelles mères qui sont réprimandées par les médecins et les infirmières pour leur manque d’enthousiasme envers l’allaitement naturel, quand on sait que pour la génération passée de professionnels, l’allaitement naturel était pratiquement un sujet tabou. Dave Holmes considère qu’en plaçant les croyances actuelles au-dessus des désirs des mères, ces praticiens perdent leur capacité d’empathie avec les personnes qu’elles sont justement censées aider. Cette empathie est une qualité qu’il voudrait voir cultiver par la prochaine génération d’infirmières et d’infirmiers.

« Je voudrais qu’ils soient sensibles à ce point de vue et qu’ils le demeurent », dit-il, en ajoutant qu’il désire s’assurer qu’ils seront capables de s’interroger sur leur milieu. « Lorsque vous cessez de poser des questions sur ce qui se passe autour de vous, la situation peut devenir très dangereuse. »

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