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Merci, Antoine Lavoisier

Jocelyne Morin-Nurse

Les Prix d’excellence en éducation de l’Université d’Ottawa rendent hommage à des éducateurs et éducatrices exceptionnels, qui donnent un enseignement de qualité incomparable tout en poursuivant un solide programme de recherche. Un portrait de chacun des neuf récipiendaires de 2007 paraîtra dans la Gazette au cours des prochains mois.

  Sylvie Perrier
   

Comptant faire carrière comme chimiste, Sylvie Perrier, professeure agrégée au Département d’histoire et récipiendaire d’un Prix d’excellence en éducation 2006-2007 de l’Université d’Ottawa, croyait son avenir tout tracé. Un jour, étudiant la découverte de la molécule d’eau, elle s’est intéressée au plus haut point à la biographie d’Antoine Lavoisier. C’est ainsi que le père de la chimie moderne, aristocrate du 18e siècle, a changé le cours de l’histoire de Mme Perrier.

« J’ai laissé la chimie et je suis partie huit mois en Europe », raconte Mme Perrier. « Lorsque je suis revenue, dès mon premier jour au bac en histoire, mon objectif était de devenir professeure d’université. L’expérience que j’avais acquise en Europe m’avait donné une base culturelle. J’avais vu les grandes cathédrales et les musées historiques, et la géographie européenne m’était beaucoup plus familière. Ce séjour en Europe a été à la fois une transition et une préparation. »

Son engouement pour les personnages historiques inspire à Mme Perrier, qui prépare sa huitième année d’enseignement, la résolution énergique de les faire revivre en contexte sociétal aux yeux des étudiantes et étudiants du 21e siècle. Pour ce faire, elle fait appel aux comparaisons avec le monde contemporain, prenant soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’équivalents.

« L’histoire n’a aucun intérêt si elle n’est qu’une liste de dates, de faits et d’événements, dit-elle.  L’intérêt de l’histoire est de nous faire réfléchir sur notre société, soit sur les similitudes avec le passé pour s’inspirer de solutions de l’époque, soit pour voir les différences et comprendre ce qu’on fait d’original. L’histoire donne de la perspective à notre vision du monde. »

D’ailleurs, pour alimenter davantage ces discussions, Mme Perrier étudie les recompositions familiales dans la région de Toulouse, en France, au 18e siècle. Elle se sert de la sociologie contemporaine pour voir le passé et découvrir les solutions qu’ont adoptées les familles reconstituées de l’époque pour gérer leur situation.

Menant plusieurs projets simultanés, Mme Perrier use à la fois de son sens de l’organisation rigoureux et d’un sens de l’éthique aigu pour abattre une grande quantité de travail, tout en maintenant l’équilibre. « Il faut être le plus efficace possible pour avoir le plus de temps de loisir possible, dit-elle. Les loisirs sont très importants si on veut avoir un cerveau équilibré qui permet de bien réfléchir. On travaille bien quand c’est le temps de travailler et on s’amuse bien quand c’est le temps de s’amuser. Je rigole beaucoup en classe, mais je ne rigole pas avec les travaux en retard ou les plagiats. Mon sens de l’humour a des limites éthiques assez précises. Je crois que c’est important, voire rassurant pour les étudiants de savoir que le prof a une attitude éthique, qu’il n’y a pas de passe-droit, qu’il y a de la justice dans la classe. »