Sean Rushton
Les climatologues l’utilisent pour analyser et prévoir des tendances climatologiques très complexes. Les psychologues s’en servent pour élaborer des modèles mathématiques du cerveau humain et de la mémoire. Les spécialistes de physique quantique y recourent pour comprendre la réalité dans ses éléments les plus petits et les astrophysiciens, enfin, tentent d’en appliquer la puissance à la modélisation de galaxies entières. Et vous? Si vous devinez qu’il s’agit du calcul de haute performance (CHP), vous gagnez le gros lot!
Mieux connu sous le nom de « superinformatique » par ceux et celles hors du milieu de la recherche, le CHP a récemment pris son essor au Canada grâce à un investissement de 88 millions de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), destiné à la création d’un réseau national de calcul de haute performance. Cette « plateforme », qui constitue le premier réseau pancanadien d’installation de CHP, provoquera des transformations considérables dans tous les secteurs de la recherche au Canada, dans les universités, les hôpitaux et les entreprises.
Selon la FCI, les progrès rapides accomplis par la technologie du CHP depuis quelques années révolutionnent la recherche. En accélérant jusqu’à mille fois l’exécution de calculs complexes comparé aux ordinateurs domestiques et professionnels ordinaires, la technologie du CHP met une seule journée plutôt que des années à fournir aux chercheuses et aux chercheurs les données dont ils ont besoin.
Aux dires de Gary Slater, doyen de la Faculté des études supérieures et postdoctorales et chercheur au Département de physique, « le Fonds des plateformes nationales de la FCI est un jalon très stimulant pour le calcul de haute performance au Canada. C’est la première fois que toute la communauté du CHP participe de concert à un projet pancanadien. »
De fait, avant de conjuguer leurs forces en une stratégie nationale intégrée, les membres de la communauté canadienne du CHP étaient divisés en sept consortiums régionaux distincts, qui se livraient concurrence pour les mêmes sources de financement et les mêmes ressources. Estimant qu’une telle configuration ne pourrait répondre aux besoins à long terme de la discipline, la FCI a demandé aux groupes de faire équipe et de présenter une demande de subvention unique.
« Les avantages se concrétisent déjà », déclare M. Slater, qui utilise les services du High-Performance Computing Virtual Lab (HPCVL).
Ce « laboratoire virtuel de calcul de haute performance » est le consortium régional auquel appartiennent l’Université d’Ottawa et six autres établissements de l’Ontario, soit l’université Carleton, le collège Loyalist, l’université Queen’s, le Collège militaire royal, l’université Ryerson et le collège Seneca.
« Il y a plusieurs types d’ordinateurs parallèles et il arrive qu’une application de recherche fonctionne mieux avec telle architecture qu’avec telle autre », explique M. Slater. « Justement, comme les sept consortiums de CHP du Canada utilisent une variété de systèmes, le rendement nécessaire à la progression de la recherche est maximisé si les chercheurs et les chercheuses ont accès à tous ces sytèmes. »
En vertu de ce nouveau Fonds des plateformes nationales, les consortiums ne recevront pas la même somme à chaque ronde. Les subventions seront attribuées en priorité au centre qui a le plus besoin d’être modernisé.
Or, comme la technologie du CHP est vraiment très pointue, elle se démode très rapidement. Tous les trois ou quatre ans, il faut moderniser des équipements dont la valeur atteint des millions de dollars. Avant la création de la FCI, aucune université ne pouvait réunir seule la technologie nécessaire. Aujourd’hui, grâce à l’investissement stratégique intégré de la FCI, le Canada et ses universités peuvent se mesurer aux établissements de recherche du monde entier.