Geneviève L. Picard
Dans un laboratoire, un étudiant de médecine dépose par erreur une pièce d’équipement en acrylique sur une plaque chauffante. Rapidement, des vapeurs toxiques s’en dégagent, incommodant d’abord les occupants du laboratoire et se propageant ensuite aux autres étages du pavillon Roger-Guindon.
Le scénario catastrophe n’est pas imaginé : cet événement est réellement survenu en février 2006. Heureusement, l’équipe d’intervention en matières dangereuses (HazMat) de l’Université d’Ottawa était prête à intervenir, en collaboration avec le Service de protection de l’Université et les pompiers de la Ville d’Ottawa.
Nancy Delcellier rappelle la suite des événements. « On a évacué l’édifice au complet pendant trois heures, et les environs du laboratoire jusqu’au lendemain, par mesure de précaution », explique l’agente responsable pour la santé, la sécurité et l’environnement à la Faculté de médecine et chef de l’équipe HazMat au pavillon Guindon. L’équipe a évalué les dommages, activé les systèmes de ventilation et effectué des tests sur la qualité de l’air afin de s’assurer qu’il n’y avait plus de danger. « Sans l’équipe d’urgence, l’édifice au complet serait demeuré fermé jusqu’au lendemain. »
En première ligne
L’équipe d’urgence HazMat de l’Université a été formée en 1990, en réaction à un déversement survenu dans un entrepôt de produits chimiques. L’Université compte aujourd’hui deux groupes d’urgence HazMat de sept membres chacun, l’un sur le campus principal et l’autre à Roger-Guindon. On y compte des membres du personnel et du corps professoral, tous des volontaires. Ils se réunissent une fois par mois afin de développer des scénarios d’incidents et préparer la réaction appropriée. Ils s’exercent avec leur équipement de protection, semblable à celui utilisé par les pompiers.
L’équipe d’urgence n’entre en jeu que lorsque le Service de protection communique avec elle, selon une procédure établie, soit en moyenne une quinzaine de fois par année.
Connaître les risques
« Des membres des facultés de Médecine et des Sciences ont effectué des évaluations de chaque laboratoire », explique Christine Carrière, gestionnaire des installations et exploitations pour la Faculté de génie et chef de l’équipe d’urgence du campus principal. L’équipe a compilé dans une base de données tous les dangers potentiels imaginables, qu’ils soient de nature pathologique, biologique ou radiologique.
Les immeubles ont aussi été évalués en fonction de leurs risques particuliers. Par exemple, on utilise du chlore dans les piscines du complexe sportif, et les patinoires requièrent l’utilisation de gaz réfrigérant (ammoniaque). « Dès qu’on reçoit un appel, on peut vérifier rapidement quels sont les risques liés à la situation », affirme Mme Carrière.
Elle insiste également sur le rôle important que jouent étudiants, chercheurs ou techniciens lors d’une intervention d’urgence : ce sont souvent eux qui peuvent expliquer les causes de l’incident en cours et qui connaissent le moyen d’y remédier.
« Plus il y aura de gens formés sur le campus, affirme-t-elle, moins il y a de chance que de petits incidents deviennent graves. »