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Entre le droit et la danse, le cœur de Natasha Bakht balance

Susan Hickman

 
   
Natasha Bakht, professeure adjointe de droit, réussit à maintenir un difficile équilibre entre deux mondes très différents, l’un dans lequel elle se produit élégamment sur la scène et l’autre où elle s’exprime avec éloquence en salle de classe.

Même si l’enseignement du droit et la danse indienne semblent des disciplines très éloignées l’une de l’autre, Mme Bakht a fini par se rendre compte que ses deux centres d’intérêt avaient quelque chose en commun.

« La danse est un commentaire social au même titre que celui que peut faire un professeur de droit, précise Mme Bakht, qui donne un cours de droit constitutionnel comparatif sur les droits des minorités. Mes domaines de recherche sont les mêmes en droit et en danse : le multiculturalisme et l’égalité des femmes, entre autres. Dans mes danses, je montre des histoires de femmes et de personnes marginalisées. »

« La clarté de la communication est primordiale dans les deux sphères d’activités. Dans la danse, on n’utilise pas de mots; on communique avec le corps. Toutefois, que ce soit en droit ou en danse, le concept et la façon de le transmettre sont très importants. »

Mme Bakht a commencé à faire de la danse classique indienne à l’âge de cinq ans pour maintenir le contact avec sa culture. Alors qu’elle faisait ses études secondaires, son école de danse de Toronto offrait une formation de niveau professionnel en Bharata natyam, une ancienne danse classique indienne. Elle a commencé à la pratiquer à l’âge de 15 ans, et à 20 ans, elle s’est produit à Londres, en Angleterre, avec la célèbre Shobana Jeyasingh Dance Company, troupe réputée pour ses œuvres avant-gardistes en danse contemporaine indienne.

C’est ainsi qu’a commencé pour Mme Bakht un périlleux exercice d’équilibre. À cette époque, elle étudiait en vue d’un diplôme avec concentrations en art dramatique, en science politique et en études sur la condition féminine à l’université de Toronto. À la fin de sa deuxième année, elle décide de partir en Angleterre pour travailler un an avec la Shobana Jeyasingh avant de revenir terminer son diplôme. Après une deuxième année de danse, elle revient à nouveau au Canada pour faire une maîtrise en science politique à l’université Queen’s et, finalement, retourne en Angleterre pour une troisième année avec la Shobana Jeyasingh. C’était un compromis parfait pour Mme Bakht, qui voyait des inconvénients à se consacrer complètement à un seul des domaines.

« Danser à plein temps était une merveilleuse expérience, mais le fardeau de vivre au seuil de la pauvreté et d’être en tournée durant de longues périodes de temps, le défi de devoir se renouveler constamment… et je ne pouvais non plus abandonner d’autres rêves. » Par ailleurs, les études ne satisfaisaient pas complètement le désir de Mme Bakht de faire quelque chose « dans le monde réel ». « C’était parfait parce que je pouvais exercer mes deux activités pour d’assez longues périodes de temps. »

En 1999, elle s’inscrivit à l’Université d’Ottawa pour réaliser « son rêve plein de naïveté d’étudier en droit pour défendre les défavorisés, rappelle-t-elle. À l’âge de huit ans, j’avais vu un très beau film qui racontait la vie d’un grand avocat qui voulait transformer le monde. »

Au cours de sa deuxième année de droit, Mme Bakht a commencé à travailler avec Roger Sinha, un chorégraphe de Montréal et ensemble ils ont fait un spectacle en duo au Festival Danse Canada à Ottawa en l’an 2000.

Depuis ce temps, Mme Bakht fait ses propres créations, et on vante son style gracieux et précis. En 2003, elle a été mise en nomination pour le prix Dora Mavor Moore, dans la catégorie de la meilleure nouvelle chorégraphie.

« Les deux aspects de ma vie me procurent un bel équilibre, précise Mme Bakht. J’ai l’impression de me reposer du droit quand je suis dans une intense période de danse. Pourtant, j’aime beaucoup la recherche et le travail auprès des étudiants. Et c’est formidable d’être dans un bon environnement de travail, entourée de gens progressifs qui m’encouragent dans mon désir d’aller au-delà du droit. »