Daniel Morin
Bien que les universités se doivent d’être sensibles aux besoins d’une diversité de publics, y compris du monde des affaires, elles ont aussi besoin de mettre l’accent sur leur mission fondamentale qui est l’enseignement, a dit récemment le recteur Gilles Patry devant un auditoire de gens d’affaires et d’universitaires.
Invité d’honneur, le 19 novembre dernier, à la série des petits déjeuners-conférences des anciens et anciennes de l’École de gestion, le recteur a soulevé la question des rôles concurrents que doit jouer l’université dans une économie fondée sur le savoir. « Il nous faut donner la formation nécessaire afin que les étudiantes et les étudiants puissent travailler efficacement dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Nous devons aussi les préparer à assumer leur rôle social de citoyens responsables, sur le plan national et mondial. Et enfin, il est de notre devoir de leur donner les outils nécessaires pour réussir dans un monde plus complexe que jamais », a affirmé M. Patry.
Il a ajouté que les universités doivent aussi répondre aux besoins de publics variés : leurs étudiants, les membres de leur personnel, les parents, les gouvernements, les entreprises, les organismes non gouvernementaux ainsi que la collectivité dans son ensemble. « Le danger existe cependant que notre réceptivité soit trop axée sur un seul de ces publics et que nous commencions à négliger une part importante de notre mission. »
Le recteur s’est interrogé : « Est-ce que nous négligeons l’une des missions clés de l’université, c’est-à-dire l’enseignement et la formation des étudiants du premier cycle? »
« Nous devons nous assurer de fournir à nos étudiantes et nos étudiants une expérience universitaire de qualité », a-t-il dit. « Il existe une perception que l’enseignement n’a pas la même valeur que la recherche, que le système de récompense est trop centré sur la recherche, la permanence et la promotion. L’enseignement est pourtant au cœur même de notre mission. »
M. Patry croit qu’il faut envisager de revenir à une formation de base en arts et en sciences humaines dans les programmes professionnels comme la médecine, les sciences de la santé, le droit, le génie et la gestion.
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Il a aussi souligné la nécessité de revoir les modes de financement, afin de tenir compte des besoins particuliers des universités à forte vocation de recherche. Ces établissements, dit-il, « sont grandement défavorisés par rapport aux autres universités ».
Par exemple, il en coûte à l’heure actuelle environ 100 000 $ pour former un étudiant en médecine; l’Université d’Ottawa ne reçoit que 22 000 $ dans ce but.
Le recteur propose qu’un système de financement progressif soit institué, afin de tenir compte de la diversité des missions qu’ont les universités. Selon un tel système, une institution qui, comme l’Université d’Ottawa, offre une grande variété de programmes, surtout au niveau professionnel et de 3e cycle, et notamment en médecine, obtiendrait un financement accru pour couvrir les coûts additionnels des investissements que ces programmes requièrent. Certains des critères pour obtenir un tel financement seraient fondés sur la qualité et le rendement, a-t-il ajouté.
Le classement annuel des universités canadiennes que propose le magazine Maclean’s est une initiative positive, selon le recteur, en ce sens qu’il attire l’attention sur les universités. De tels classements, cependant, sont souvent victimes d’incohérences.
Les indicateurs de rendement et de qualité doivent être « mesurables, vérifiables et directement reliés à la qualité de l’expérience universitaire », a-t-il affirmé.
(Le texte intégral de la présentation sera en ligne sur le site Web du recteur à compter de janvier.)
Lien connexe :
The Role of Faculty in the Common Enterprise University (document en version RTF en anglais seulement)
(Conférence Postes Canada donnée par M. John Sexton, le 9 septembre 2003)