Nathalie Dunleavy
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La Dre Nahid Azad |
Tout comme ce fut le cas en histoire, en politique et en communications, les rapports sociaux de sexe viennent d’infiltrer une nouvelle discipline. N’allez pas croire qu’il s’agit là d’un simple mantra féministe. Le sexe peut jouer un rôle plus important que vous le croyez quand il est question de votre santé.
Partenaire du projet de curriculum collectif de genre et de la santé, la D
re Nahid Azad est le fer de lance de son intégration au programme des études médicales à l’Université d’Ottawa. Professeure agrégée, la D
re Azad est directrice du Bureau d’équité en matière des sexes de l’Université.
« Nous ne demandons pas un programme séparé, explique la D
re Azad, nous voulons que le projet soit intégré à tous les aspects du curriculum. » Elle croit que cela est nécessaire pour permettre aux médecins d’acquérir les connaissances, les habiletés et l’attitude nécessaire pour bien soigner leurs patientes et leurs patients et continuer de faire la promotion de cet aspect dans l’éducation médicale.
Le site Web du projet sur le genre et la santé offre de l’information fondée sur des données probantes pouvant être intégrée au programme d’études médicales. Les médecins peuvent ainsi apprendre à tenir compte des construits sociaux qui influencent la santé des individus dans le traitement de la maladie.
Ce projet avant-gardiste a été présenté plus tôt ce mois-ci dans le cadre d’une conférence internationale réunissant des enseignants et des développeurs multimédias spécialisés dans l’enseignement de la médecine, à l’Université de Lausanne, en Suisse.
Subventionné par le Conseil ontarien des services de santé pour les femmes, le projet est piloté par des représentants et des membres de la population étudiante des six écoles de médecine de l’Ontario ainsi que par des membres des comités sur les programmes de premier cycle et les rapports sociaux de sexe mis sur pied par le Conseil des facultés de médecine de l’Ontario. Le projet a été lancé à la conférence annuelle sur l’enseignement de la médecine, en mai à London (Ontario).
« Nous voulons évaluer la façon dont les connaissances, les habiletés, l’attitude et le comportement des médecins ont évolué », explique la D
re Azad.
L’Organisation mondiale de la santé définit le genre et la santé comme une approche qui « prend en considération le rôle crucial que jouent les facteurs sociaux et culturels et les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes lorsqu’il est question de promotion ou d’entrave à la santé. »
Mais quelle différence y a-t-il entre sexe et genre? La D
re Azad explique que le sexe est l’aspect biologique de la différence entre les hommes et les femmes alors que le genre définit le contexte social de cette différence.
Un secteur où on oublie souvent de considérer le rôle du genre en santé est celui de la recherche. « Les gens ne réalisent pas que les recherches, comme celles portant sur les médicaments, sont principalement menées auprès des hommes et qu’on suppose que les résultats sont les mêmes pour les femmes », ajoute la D
re Azad.
Le site Web permet aux utilisateurs de tenir compte du genre lorsqu’ils parcourent des documents médicaux, notamment des rapports de recherche.
« Nous voulons que les médecins prennent en considération notre sexe et notre groupe d’âge lorsqu’ils nous soignent, mais ce n’est pas encore une pratique courante », affirme la D
re Azad.
Lien connexe :
Projet de curriculum collaboratif de genre et de la santé