Une recherche… en santé
Geneviève L. Picard
Selon une vieille expression latine, « une bonne santé vaut mieux que les plus grandes richesses ». Chaque jour, les chercheuses et chercheurs de l’École des sciences infirmières retroussent leurs manches justement pour aider la population à « s’enrichir de santé ».
Qu’il s’agisse de montrer à une jeune mère comment allaiter son enfant, de guider une victime de cancer dans son choix de traitement, ou d’aider une personne aînée à vivre dans la dignité, les infirmières et infirmiers sont à l'œuvre, et le grand public est bien conscient de leur importance dans la vie quotidienne. On est toutefois moins conscient de la force et de la diversité de la recherche menée dans le domaine des sciences infirmières.
Betty Cragg, directrice de l’École des sciences infirmières, explique que les recherches peuvent enrichir la pratique des professionnels de la santé et, par le fait même, améliorer les soins offerts au patient, à sa famille et à la communauté.
« Les sciences infirmières ont tendance à être très pratico-pratiques, souligne Mme Cragg. Par exemple, les services d’aide à la décision appuient les gens alors qu’ils font des choix qui sont, littéralement, des questions de vie ou de mort. »
Des pratiques exemplaires
Les professeures Barbara Davies et Nancy Edwards dirigent conjointement l’unité de recherche sur les pratiques exemplaires en soins infirmiers. En collaboration avec l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario, l’Unité compile, publie, diffuse et évalue des « lignes directrices », c'est-à-dire des guides d’une centaine de pages décrivant en détail les pratiques exemplaires en sciences infirmières.
« Nous cherchons à déterminer si ces guides mènent à des changements dans la façon dont l’infirmière fait son travail et s’ils changent quelque chose pour les patients », explique Mme Davies.
À ce jour, 29 guides ont été préparés, dont huit sont traduits en français. Les ouvrages portent sur des sujets tels que le contrôle des crises d’asthme, l’appui aux personnes désirant abandonner la cigarette et le soin des plaies du pied chez les patients diabétiques. « Vous ne regarderez plus jamais des pieds de la même façon après avoir lu ce guide », s’esclaffe Mme Davies.
Selon elle, la plupart des établissements constatent, après voir mis en place de telles lignes directrices, une amélioration immédiate dans l’état de santé de leurs patients.
Une analyse critique
Pour sa part, le professeur Dave Holmes mène ses recherches suivant une perspective critique dans les domaines de la santé publique et de la psychiatrie légale. Il s’intéresse à la gestion des populations dites « à risque ».
Le chercheur vient de terminer une étude, subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada, sur les pratiques sexuelles dans les saunas gais de Montréal et de Toronto. Il a découvert que certains hommes ont des relations sexuelles non protégées en réaction au discours, souvent prescriptif, véhiculé par le système de santé publique.
Le professeur Holmes travaille maintenant sur la pratique infirmière dans les milieux correctionnels. Comme quoi la recherche en sciences infirmières ne se déroule pas exclusivement dans les hôpitaux, loin de là! Les foyers pour personnes âgées, les écoles et les centres communautaires sont autant de terrains d’observation.
« Les recherches effectuées par les chercheurs de l’École des sciences infirmières sont reconnues à l’échelle provinciale, nationale et internationale », affirme Denis Prud’homme, doyen de la Faculté des sciences de la santé. « Cela se reflète par une demande accrue dans nos programmes d'études supérieures, en particulier au doctorat dont le nombre d’admissions va doubler dès l’an prochain ». De quoi réjouir le doyen!