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De la « marge » au sommet : une chercheuse voit ses efforts récompensés

Lara Wellman

  Constance Backhouse
L’histoire des rapports entre les femmes et le système juridique, le harcèlement sexuel des femmes au travail et la discrimination raciale dans l’histoire juridique canadienne sont autant de sujets que Constance Backhouse, professeure et titulaire d’une chaire de recherche de l’Université à la Faculté de droit, a placé au centre de ses recherches depuis 30 ans.

L’excellence de ses travaux a fait d’elle une spécialiste de renommée internationale en matière de recherche féministe, de discrimination fondée sur le genre et d’histoire des genres et des races au Canada.

Madame Backhouse a reçu de nombreuses distinctions au fil des années et 2006 ne fait pas exception : Elle a ainsi reçu la Bourse Jules et Gabrielle Léger 2005–2006, qui a pour objectif d'encourager la recherche et la rédaction d'ouvrages sur la contribution historique et contemporaine de la Couronne et de ses représentants à la vie du pays. En mai, elle a remporté une bourse de la Fondation Trudeau, d’une valeur de 225 000 $ sur trois ans, pour son apport exceptionnel aux sciences humaines au Canada et dans le monde. Elle est, de plus, lauréate du Prix d’excellence en recherche de l’Université d'Ottawa.

La reconnaissance que lui procurent ces marques d’estime lui donne l’espoir que l’intérêt pour ces champs de recherche ira en s’accroissant. « À mes débuts, la recherche sur la discrimination fondée sur le genre et sur la race était perçue comme de la recherche “à la marge”, et quelque peu suspecte », raconte la professeure Backhouse. « La recherche féministe et antiraciste n’est plus étiquetée comme “marginale”, ce qui me remplit de fierté et d’enthousiasme. »

Madame Backhouse a commencé sa carrière à la fin des années 1970, à une époque où l’histoire du système juridique canadien en était encore à ses balbutiements. Première spécialiste de l’histoire juridique des femmes au pays, elle a écrit le premier ouvrage qui propose une description exhaustive des rapports des femmes avec le système juridique, intitulé Petticoats and Prejudice: Women and Law in Nineteenth-Century Canada, ainsi que le premier ouvrage au Canada sur le harcèlement sexuel, intitulé Secret Oppression: Sexual Harassment of Working Women.

Depuis trois décennies, madame Backhouse travaille à améliorer la législation sur l’agression sexuelle pour tenter de la rendre plus sensible aux réalités des femmes et des enfants victimes d’abus. Elle continue à tenter de combler les lacunes dans nos connaissances de l’histoire pour mieux évaluer le succès des efforts de sensibilisation.

Avec la conviction qu’il faut encore travailler à faire des changements, madame Backhouse est actuellement en congé sabbatique en France afin d’achever un livre sur les procès pour agression sexuelle au Canada entre 1900 et 1975. Elle y brosse le portrait d’une série de procès ayant eu lieu à travers le pays, pour démontrer le caractère injuste de la réponse du système judiciaire et les biais auxquels ont fait face les femmes, les communautés racialisées, les personnes handicapées et les classes ouvrières.

« Je suis fascinée par ces procès  », affirme la chercheuse. « Les femmes ont fait preuve d’un courage immense pour affronter des tribunaux qui leur étaient aussi peu sympathiques, et cela m’inspire une grande détermination. »

À titre de chercheuse de l’année 2006, madame Backhouse prononcera une conférence le 5 octobre 2006.