Photo : Conseil canadien de protection des animaux |
L’École de médecine vient de perdre un membre de longue date de son corps professoral qui a laissé sa marque à l’Université et dans l’ensemble de la communauté de recherche au Canada. Le Dr Harry Rowsell a été professeur au Département de pathologie pendant plus de deux décennies. Il était surtout connu comme l’un des fondateurs et premier directeur du Conseil canadien de protection des animaux (CCPA).
Le Dr Rowsell est décédé au début du mois de février des suites d’une brève maladie, mais après avoir livré un long combat contre la maladie de Parkinson. Il laisse dans le deuil son épouse et ses quatre enfants de même que les autres membres de sa vaste famille. Mais il laisse aussi en héritage les années de service public et professionnel qui lui ont permis d’enrichir la vie de médecins, de vétérinaires et de scientifiques aux quatre coins du pays. Il serait heureux de savoir qu’il a également amélioré la qualité de vie des nombreux animaux qui jouent un rôle si important dans le domaine de la médecine et des sciences biologiques.
Né à Toronto en 1921, le Dr Rowsell a servi dans la Marine royale du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale avant d’obtenir son diplôme de médecine vétérinaire du Ontario Veterinary College. Il a passé 15 années à faire de la recherche sur les maladies du système circulatoire qui affectent les humains comme les animaux, à l’École vétérinaire de la University of Guelph, avant d’aller enseigner au Western College of Veterinary Medicine de la University of Saskatchewan. Il est arrivé à l’Université d’Ottawa en 1970.
À la fin des années 1960, il était à l’avant-garde d’un mouvement qui visait à établir des normes nationales pour réglementer la façon dont les animaux peuvent et doivent être utilisés en recherche. Ce mouvement a mené, en 1968, à la création du CCPA dont le Dr Rowsell a été le directeur pendant 24 ans.
La directrice actuelle du Service vétérinaire et animalier de l’Université d’Ottawa, la Dre Marilyn Keaney, a été la dernière étudiante du Dr Rowsell en médecine des animaux de laboratoire et elle a travaillé avec lui de 1982 jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite. « Je me rappellerai toujours de lui pour la compassion qu’il avait pour les humains comme pour les animaux et pour le soutien constant et les encouragements qu’il m’a prodigués tout au long de mes années d’apprentissage » dit-elle.
Le Dr Rowsell était le président fondateur du Comité de protection des animaux de l’Université, fait remarquer Mme Keaney. Ce comité, qui est toujours actif, a servi de modèle pour le programme du CCPA, et son concept a été exporté partout dans le monde.
« C’est la connaissance qu’il avait des scientifiques et des processus de recherche biomédicale de même qu’un sens aigu de notre interrelation avec les animaux qui ont dû être son inspiration pour la mise sur pied du programme canadien de normes pour les soins et l’utilisation des animaux de laboratoire » remarque Ernest Olfert, directeur du Animal Resources Centre de la University of Saskatchewan, qui a travaillé avec le Dr Rowsell à différents titres au cours de sa carrière.
C’est par pression morale et non par l’application d’une loi quelconque que le CCPA a déterminé la façon dont les animaux doivent être traités dans les universités et les laboratoires partout au pays. C’est en ayant à cœur le bien-être de ces animaux que le conseil a défini en termes de plus en plus stricts les règles régissant leur utilisation afin que seuls les animaux absolument nécessaires à la recherche soient utilisés. Les lignes directrices du CCPA, qui sont constamment revues et corrigées, sont hautement considérées par des organismes similaires dans d’autres pays.
« Harry Rowsell était un homme doux qui débordait d’énergie et s’intéressait avec enthousiasme à tous les aspects des soins et de la protection des animaux, souligne M. Olfert. Il avait également une incroyable facilité pour entrer en contact avec les gens, à tous les niveaux – du technicien qui prend soin des animaux de laboratoire chaque jour aux scientifiques seniors et aux bureaucrates qui élaborent et mettent en œuvre les politiques scientifiques. »
Le Dr Rowsell a maintes fois été honoré pour son œuvre. Il a été le premier vétérinaire à recevoir l’Ordre du Canada, et un grand nombre de bourses et de prix portent son nom. Pour lui, le plus grand honneur aura été la possibilité de susciter un changement positif majeur dans le paysage scientifique au Canada, une aventure qu’il aurait recommencée sans hésiter, avait-il dit.
« Je serai toujours reconnaissant d’avoir pu prendre part à cette expérience unique et presque incroyable » faisait-il remarquer à l’occasion du trentième anniversaire du CCPA, en 1998. « La route vers le progrès continue, et j’espère que tous ceux qui s’y engageront le feront avec la liberté, la créativité et le sens de l’innovation que j’ai eu le privilège de pouvoir exprimer. »